PERSPECTIVES

MARCHÉS ET ALLOCATION
L’analyse mensuelle de nos experts

MARS 2025
Les analyses présentées dans cette communication publicitaire reposent sur des hypothèses et des anticipations d’Ofi Invest Asset Management, faites au moment de la rédaction de la communication qui peuvent être totalement ou partiellement non réalisées sur les marchés. Elles ne constituent pas un engagement de rentabilité et sont susceptibles d’être modifiées. Un glossaire répertoriant les définitions des termes financiers principaux est disponible en dernière page.

Notre scénario central

Éric BERTRAND, Directeur Général Délégué, Directeur des gestions - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT
ÉRIC BERTRAND
Directeur Général Délégué,
Directeur des gestions
OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

Make Europe Great Again ?(1)

Si Vladimir Poutine, par l’invasion de l’Ukraine en février 2022, avait sorti l’Europe de son confort sécuritaire, c’est bien Donald Trump qui provoque un sursaut européen d’une ampleur inégalée depuis 2012. En effet, coup sur coup, Ursula Von der Leyen annonce un plan de 800 milliards d’euros au niveau européen pour la défense, et surtout, l’Allemagne - en amont de la formation de son nouveau gouvernement CDU/SPD - annonce un plan de 500 milliards d’euros sur 10 ans pour ses infrastructures, et en outre des investissements en défense en s’affranchissant de la limite constitutionnelle de 0,35 %(2) avec les votes de l’ancien parlement ! L’ampleur et la vitesse de la réaction européenne au nouveau positionnement géopolitique des États-Unis, qui passent d’allié à partenaire commercial, apportent une bouffée d’oxygène dans une zone qui semble vouloir prendre son destin en main.

La réaction des marchés européens a été significative, et probablement excessive dans un premier temps. Les taux d’intérêt long terme allemands ont bondi de 40 points de base et, dans le même temps, un panier constitué de valeurs de la défense qui progresse de 65 % depuis le début de l’année.

La volatilité continuera d’être importante et les incertitudes élevées dans les semaines à venir alors que les droits de douane entre l’Europe et les États-Unis n’ont pas encore été renégociés. Mais cette nouvelle donne nous conduit à renforcer les actions européennes à moyen terme, en profitant de tout trou d’air pour se repositionner compte tenu du chemin déjà parcouru.

Du côté des Banques Centrales, la visibilité de la Réserve fédérale américaine (Fed) reste faible et, si nous continuons à penser qu’elle baissera autour de deux fois ses taux directeurs cette année, elle ne devrait pas agir à court terme. Toutefois, certains indicateurs de confiance et de consommation marquent le pas, faisant peser un risque sur le volet de la croissance. Le taux 10 ans américain l’a bien anticipé avec une baisse de 25 points de base sur le mois de février. Le risque nous semble se transférer d’une Fed assouplissant moins sa politique monétaire sous l’effet de craintes sur l’inflation vers une Fed devant agir plus pour soutenir sa croissance.

Du côté européen, la Banque Centrale Européenne (BCE) a baissé ses taux directeurs de 0,25 % comme attendu et devrait continuer d’assouplir sa politique monétaire dans les prochains mois. Toutefois, les différentes annonces devraient alimenter sa réflexion, en particulier sur la poursuite du « Quantitative Tightening »(3). Les taux longs allemands, et par ricochet européens, devraient évoluer dans une fourchette plus élevée qu’auparavant avec la hausse de la prime de terme. Nous pensons cependant qu’à court terme la tension observée constitue un point d’entrée tactique et renforçons ainsi les taux euro.

(1) Rendre à l’Europe sa grandeur.
(2) En Allemagne, cette règle limite les nouveaux emprunts de l’État fédéral à 0,35 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’année.
(3) Le « Quantitative Tightening » de la BCE est une politique monétaire visant à réduire la liquidité en circulation en diminuant les réinvestissements des actifs arrivant à maturité.

NOS VUES AU 10/03/2025

OBLIGATIONS
baromètre obligations
baromètre détaillé obligations

Les inquiétudes sur la croissance américaine et les annonces de plans de relance en Europe ont entraîné un mouvement brutal sur les taux européens début mars ainsi qu’un début de re-convergence des anticipations de marché sur l’évolution des politiques monétaires de la Fed et la BCE. À l’image du marché, nous avons été surpris par les montants et la rapidité du plan de relance annoncé en Allemagne qui reste à confirmer. Quoi qu’il en soit, ceci marque un changement majeur de paradigme et nous estimons dorénavant que les taux devraient évoluer durablement sur des niveaux plus élevés. Malgré cela, ce rebond constitue d’après nous une nouvelle opportunité pour ajouter de la duration en portefeuille. Nous maintenons ainsi les curseurs sur l’ensemble des classes d’actifs obligataires et renforçons le curseur sur les taux souverains de la zone Euro. Sur le crédit, la dynamique reste solide. Les risques d’écartement de spreads existent, mais le portage offre une protection qui justifie selon nous de rester légèrement surpondérés.

ACTIONS
baromètre actions
baromètre détaillé actions

A l’instar du mois de janvier, les marchés actions ont, un peu partout à travers le monde, continué leur remarquable parcours. Enfin, presque partout, car une fois n’est pas coutume, le marché américain commence à montrer quelques signes de fatigue, avec un Nasdaq en baisse depuis le début de l’année. En dépit de l’effet Trump qui avait vu s’envoler Wall Street, il semble que la légère révision en baisse des perspectives de croissance outre-Atlantique commence à avoir des effets sur le consommateur américain. À noter le fort repli de quelques méga-capitalisations technologiques telles que Nvidia* et surtout Tesla*. Contre toute attente, Berlin a frappé un grand coup, mardi 4 mars, en annonçant un plan d’investissement massif de plusieurs centaines de milliards d’euros, marquant une rupture sans précédent avec sa traditionnelle rigueur budgétaire. Cela pourrait amener les investisseurs à appréhender la zone Euro de manière plus positive et nous amène à relever d’un cran notre curseur sur la zone Euro.

DEVISES

L’euro dollar a nettement bénéficié du changement soudain de paradigme budgétaire en Allemagne. À partir de ce nouveau point de départ, nous jugeons que les pressions demeurent en faveur du dollar. Les droits de douane effectifs et les annonces potentiellement à venir d’ici début avril offrent une prime d’aversion au risque au dollar qui bénéficierait aussi de la prudence de la Réserve fédérale américaine dans ses baisses de taux et de l’affaiblissement des économies partenaires.

baromètre détaillé devises
* Les sociétés citées ne le sont qu’à titre d’information. Il ne s’agit ni d’une offre de vente, ni d’une sollicitation d’achat de titres.
Nos vues sur les classes d’actifs fournissent un cadre de discussion large et prospectif qui sert de guide aux discussions entre les équipes d’investissement d’Ofi Invest Asset Management. L’horizon d’investissement de ces vues est à court terme et peut évoluer à tout moment. Ce cadre ne constitue donc pas une indication pour construire une allocation d’actifs de long terme.

Macroéconomie

LA DÉFENSE AU COEUR DES DISCUSSIONS

Ombretta SIGNORI, Directrice de la Recherche Macroéconomique et Stratégie - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT
OMBRETTA SIGNORI
Directrice de la Recherche
Macroéconomique et Stratégie
OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

L’INCERTITUDE PLANE SUR LE MORAL DES CONSOMMATEURS ET DES ENTREPRISES AMÉRICAINES

Si l’économie américaine a terminé 2024 bien dynamique et que les fondamentaux restent solides, le climat d’incertitude actuel commence à se faire ressentir sur la confiance des acteurs économiques et dans les enquêtes de conjoncture des entreprises et des ménages américains. Après une belle saison d’achats fin 2024, les ménages américains ont moins consommé et plus épargné en janvier, à cause également de l’hiver particulièrement froid. La consommation reste à surveiller car, au-delà de la situation du marché du travail - qui n’est plus en excès de demande et qui devrait inciter les ménages américains à ralentir légèrement leur consommation - d’autres inquiétudes émergent, reflétant une combinaison de facteurs comme une inflation persistante et l’impact attendu des tarifs douaniers. Les anticipations d’inflation des ménages, mesurés par l’université du Michigan, s’envolent, même si la série est volatile, polarisée politiquement et que sa méthodologie a changé récemment.

LA PERSISTANCE DE L’INFLATION POURRAIT RETARDER LES PROCHAINES BAISSES DES TAUX DIRECTEURS

En effet, en janvier, l’inflation américaine s’établit à 3,0 % sur un an contre 2,9 % en décembre, et à 3,3 % sur le sousjacent contre 3,2 % en décembre. L’inflation résiduelle dans les services, qui a surpris en janvier notamment dans les loisirs, est à surveiller car c’est la plus corrélée à la force de la demande. Toutefois, janvier est traditionnellement un mois de forte volatilité des données en raison du recalcul des facteurs saisonniers et des changements des prix de nombreux produits. Cette tendance devra être confirmée ou infirmée par les données futures car le rééquilibrage qui semble en cours entre le secteur des services et le secteur manufacturier devrait aider à contenir les pressions de demande sur les prix, tout comme le sentiment plus mitigé sur le marché du travail. À la réunion de mars, la Fed n’est pas dans l’urgence de baisser les taux et devrait rester en pause, le temps d’y voir plus clair sur l’incertitude actuelle.

CHANGEMENT DE PARADIGME BUDGÉTAIRE EN ALLEMAGNE

Les résultats des élections en Allemagne ont été conformes aux sondages et le pays semble se diriger vers une grande coalition (CDU et SPD) avec Friedrich Merz à sa tête. Toutefois, les partis AfD et Die Linke pourraient bloquer la réforme constitutionnelle de la règle de l’endettement. Pour éviter ce blocage, Friedrich Merz a accéléré les négociations et annoncé un fonds spécial de 500 Mds€ sur 10 ans (hors bilan) pour les dépenses d’infrastructures (transports, secteur de l’énergie, infrastructures numériques, éducation, hôpitaux...) et une modification de la règle à l’endettement pour que les dépenses de défense dépassant 1 % du PIB soient exemptées du frein à l’endettement national (sans limite de temps). En outre, les 16 Länder bénéficieront d’une exemption du frein à l’endettement de 0,35 % du PIB. Ces changements doivent être votés avant que le nouveau Bundestag s’installe le 25 mars pour profiter de la majorité des deux tiers dont bénéficient le CDU, la SPD et les Verts dans le Parlement actuel. Le sujet des investissements en défense concerne tous les pays européens et est étroitement lié à l’issue des négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine, ainsi qu’à la décision qui pourrait être prise au printemps d’augmenter l’objectif de l’OTAN de 2 % à 3 % du PIB pour les dépenses de défense. Au niveau européen, Ursula von der Leyen a annoncé un plan de 800 Mds€(4), qui prend en compte l’activation de la clause de sauvegarde du pacte de stabilité et de croissance pour les dépenses en défense pour les prochains 4 ans et un nouvel instrument conjoint de prêts de l’Union européenne à hauteur de 150 Mds€. Le plan sera discuté lors des prochains sommets européens.

BCE : ENCORE 25 PBS DE BAISSE

Les enquêtes conjoncturelles des indices PMI demeurent en février tout juste au-dessus du seuil d’expansion des 50, et continuent à dévisser en France. Au total, les chiffres de février suggèrent qu’il n’y a pas d’accélération du momentum d’activité économique au premier trimestre. L’inflation en zone Euro diminue en février, à 2,4 % sur un an (contre 2,5 % en janvier), y compris sur la partie sous-jacente qui baisse à 2,6 % (contre 2,7 % en janvier). La baisse de 25 points de base des taux directeurs lors de la réunion de mars était largement anticipée et nous continuons à penser que la BCE baissera encore ses taux. Toutefois, alors que les taux étaient consensuellement considérés comme restrictifs jusqu’à présent, la divergence habituelle entre colombes et faucons commence déjà à réapparaître. Par ailleurs, un débat sur le rythme de normalisation du bilan de la BCE pourrait prendre de l’ampleur dans les prochaines semaines au regard de la hausse récente des taux longs.

DÉPENSES MILITAIRES EN EUROPE (EN % DU PIB)
Dépenses militaires en Europe
Sources : Macrobond, Ofi Invest Asset Management au 06/03/2025

TAUX D’INTÉRÊT

UN NOUVEAU PARADIGME

Geoffroy LENOIR, Co-Directeur des gestions OPC - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT
GEOFFROY LENOIR
Co-Directeur des gestions OPC
OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

Le mois de février a été atypique pour les taux souverains. Le début du mois de mars encore plus ! Les annonces de Donald Trump envers ses partenaires commerciaux continuent de secouer l’ordre mondial. En particulier, les négociations d’un accord de cessez-le-feu en Ukraine s’inscrivent comme autant d’éléments de la guerre commerciale initiée par le président américain. Dans ce contexte, les niveaux de taux ont évolué au gré des déclarations politiques avec des écarts significatifs entre les États-Unis et l’Europe. Sur le mois, le taux 10 ans allemand a reculé de 5 points de base, pendant que son homologue américain en perdait plus de 30 pour terminer le mois à 4,21 %. Plus significativement, les pentes des courbes entre le 2 ans et le 10 ans ont évolué dans des directions opposées. La pente américaine s’est en effet aplatie d’une dizaine de points de base tandis que la pente allemande a augmenté d’environ 5 points de base. Cette divergence vient principalement d’une baisse plus marquée des taux courts américains sur la période. Les marchés ont en effet intégré davantage de baisses de taux à venir de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed). À fin février, les anticipations montrent que la Fed devrait baisser encore environ trois fois ses taux en 2025, avec une prochaine baisse possible avant l’été. Ces mouvements reflètent des craintes sur la croissance américaine qui pourrait être pénalisée par les politiques de Donald Trump.

« QUAND LES TEMPS CHANGENT, NOUS DEVONS LE FAIRE AUSSI » Barack Obama

À l’image des propos de l’ancien président américain, la réaction européenne ne s’est pas faite attendre. La Commission européenne a annoncé un plan de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe ». Ce plan, couplé à la perspective d’un plan de relance massif en Allemagne, a engendré un rebond spectaculaire des taux début mars. Le taux 10 ans allemand a en effet rebondi en quelques jours d’environ 40 points de base ! Dans le même temps, le taux 10 ans américain n’a presque pas bougé, entraînant un resserrement de plus de 60 points de base en quelques semaines. À noter que l’écart de taux (spread) avec la France est resté relativement stable dans ce contexte. Le volume d’émissions nettes en zone Euro devrait peser sur les taux longs, ce qui contribuera selon nous à accentuer la pentification des courbes. Nous estimons toutefois que ces épisodes de volatilité représentent des opportunités pour renforcer la duration. La Banque Centrale Européenne (BCE), qui vient de passer son taux directeur à 2,5 % début mars, devrait en effet rester particulièrement vigilante à tout dérapage.

LES SPREADS DE CRÉDIT RESTENT IMMUNISÉS

Sur le crédit euro, février s’est inscrit dans la continuité de la tendance observée ces derniers mois. Les niveaux de valorisation restent volatils au gré de l’évolution des taux, contrastant avec des primes de risque stables et résilientes, le tout soutenu par un portage historiquement favorable à la fois sur le crédit spéculatif à Haut Rendement et sur le crédit « Investment Grade ». Malgré les tensions observées à la suite des annonces de Donald Trump, les facteurs « techniques » (beaucoup de liquidités chez les investisseurs, flux entrants, solidité des émetteurs, niveaux de rendement attractifs) et les bons résultats publiés par les entreprises continuent d’offrir un support important aux primes de risque qui restent stables. Par ailleurs, le marché primaire est toujours très dynamique depuis le début de l’année, marqué par une diversité des émetteurs en termes de notation, de géographie, de maturité et de séniorité, témoignant de l’appétit du marché. Un appétit qui se retrouve également dans la demande moyenne (4 fois supérieure à l’offre) et l’absence de prime par rapport aux primes des obligations s’échangeant sur le marché secondaire. Fort de ces constats, nous restons constructifs sur les marchés du crédit, à défaut d’être aussi positifs que nous l’étions depuis 2023.

LE CHIFFRE DU MOIS
+0,30 %

C’est la hausse du taux 10 ans allemand sur la seule journée du 5 mars à la suite de l’annonce du plan de relance en Allemagne. Un précédent mouvement d’une telle ampleur remonte à 1990.

PERFORMANCES
INDICES OBLIGATAIRES COUPONS RÉINVESTIS FÉVRIER 2025 YTD
JPM Emu 0,69 % 0,57 %
Bloomberg Barclays Euro Aggregate Corp 0,60 % 1,04 %
Bloomberg Barclays Pan European High Yield en euro 1,23 % 1,70 %
Sources : Ofi Invest Asset Management, Refinitiv, Bloomberg au 28/02/2025.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

ACTIONS

INCERTITUDES ET VOLATILITÉ AU SOMMET

Éric TURJEMAN, Co-Directeur des gestions OPC - OFI INVEST ASSET MANAGEMENT
ÉRIC TURJEMAN
Co-Directeur des gestions OPC
OFI INVEST ASSET MANAGEMENT

Deux mois après le début de l’année, l’agitation ne faiblit pas. L’administration Trump continue de secouer les marchés avec des annonces fracassantes, du projet pharaonique « Stargate » pour dominer le secteur de l’Intelligence Artificielle (IA) à une diplomatie musclée avec l’Asie et l’Amérique latine. Les annonces sur les barrières douanières vont et viennent, et sont autant de moyens de négociation. Cette stratégie offensive, visant à asseoir la suprématie américaine, ravive l’incertitude et ranime la volatilité, au grand dam des investisseurs cherchant encore leurs repères. Le temps de l’euphorie semble passé, alors que les discours des entreprises restent empreints de prudence face à une géopolitique en constante évolution.

L’IA REPREND SON SOUFFLE

Après la déflagration DeepSeek(5) en janvier, le secteur de l’IA retrouve un peu de sérénité. Les craintes d’une disruption low-cost venue de Chine se dissipent progressivement, les leaders occidentaux ayant démontré leur résilience avec des investissements massifs toujours d’actualité.

Si les valorisations restent sous surveillance, une nouvelle dynamique émerge : l’IA pourrait s’accélérer dans des secteurs inattendus, comme l’industrie et les services, portée par des coûts d’accès en baisse. Les marchés, après un début d’année chaotique, semblent prêts à parier sur cette prochaine vague. La vitesse d’adoption reste la grande inconnue, même si la recherche financière commence à parier sur une montée en puissance rapide des solutions IA dans les entreprises. Si tel devait être le cas, il y a fort à parier que les retours sur investissements seraient conséquents pour un certain nombre d’acteurs, justifiant ainsi les valorisations élevées.
La saison des publications de résultats touche à son terme aux États-Unis. Les résultats des entreprises américaines sont globalement sans grande surprise, et affichent près de 12 % de croissance sur un an. Le consensus pour l’exercice 2025 bouge peu et reflète des discours d’entreprises toujours assez conservateurs. Peu d’entre elles ont annoncé une accélération du momentum d’activité depuis le début de l’année, et elles ne se risquent généralement pas à revoir significativement les perspectives à la hausse sur l’ensemble de l’exercice. Les surprises sur les publications de chiffres d’affaires sont d’ailleurs à un niveau historiquement bas. La consommation des ménages semble toujours aussi résiliente, mais les investissements des entreprises, en dehors des investissements dans l’IA, ne sont toujours pas au rendez-vous.

L’EUROPE ACCÉLÈRE, L’ASIE DECOLLE

Contre toute attente, les bourses européennes maintiennent leur dynamique haussière. Les espoirs de résolution du conflit ukrainien n’y sont sans doute pas étrangers, même si cela revêt de plus en plus la forme d’une capitulation. Les résultats des urnes allemandes laissent aussi planer l’espoir d’une bouffée d’oxygène de dépenses publiques pouvant aider à relancer la machine industrielle outre-Rhin. À mi-chemin des publications de résultats, nous ne constatons pas non plus de mauvaises surprises susceptibles de faire dérayer le « rattrapage » européen. Mais, c’est surtout le secteur de la défense qui a suscité un fort regain d’intérêt des investisseurs récemment. Les budgets de défense européens vont devoir adopter une trajectoire balistique pour compenser le désengagement annoncé des Américains de certains théâtres d’opérations. Et il y a de bonnes chances de penser qu’acheter européen sera au coeur des préoccupations des États membres.
La Chine continue de surfer sur l’effet Deepseek(5), avec une performance proche de 20 % depuis le début de l’année, tirée en grande partie par le secteur des valeurs technologiques chinoises. Récemment, c’est cette même tech chinoise qui avait rendez-vous avec Xi Jinping pour démontrer les pleines capacités du secteur, à l’heure ou la tech américaine semble omniprésente. La réapparition publique de Jack Ma dans les hautes sphères, l’emblématique fondateur d’Alibaba*, géant du e-commerce et du cloud, est loin d’être le fruit du hasard.
Après l’annonce surprise du gouvernement allemand concernant la volonté de relancer l’économie allemande et, par voie de conséquence européenne, les sociétés européennes pourraient au moins à moyen terme profiter de cette relance budgétaire de grande ampleur. Tout du moins, les flux qui jusqu’à présent s’étaient portés sur les États-Unis pourraient être partiellement redirigés vers le Vieux Continent. Dans ce contexte, la préférence que nous avions pour Wall Street ne semble plus justifiée.

LE CHIFFRE DU MOIS
400 Mds$

C’est, à peu de choses près, la perte de capitalisation boursière de Tesla* au cours du mois de février.

PERFORMANCES
INDICES ACTIONS DIVIDENDES NETS RÉINVESTIS EN DEVISES LOCALES FÉVRIER 2025 YTD
CAC 40 2,04 % 10,00 %
EuroStoxx 3,44 % 10,95 %
S&P 500 en dollars - 1,34 % 1,38 %
MSCI AC World en dollars - 0,60 % 2,73 %
Sources : Ofi Invest Asset Management, Refinitiv, Bloomberg 28/02/2025.
(5) DeepSeek est une startup chinoise en intelligence artificielle, connue pour ses modèles performants et économiques, qui rivalisent avec les leaders du secteur.
* Les sociétés citées ne le sont qu’à titre d’information. Il ne s’agit ni d’une offre de vente, ni d’une sollicitation d’achat de titres.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

ÉMERGENTS

REBOND DES ACTIONS CHINOISES : LE TEST DES « DEUX SESSIONS »

Jean-Marie MERCADAL, Directeur Général - SYNCICAP ASSET MANAGEMENT
JEAN-MARIE MERCADAL
Directeur Général
SYNCICAP ASSET MANAGEMENT

La vitalité du secteur technologique chinois entraîne un afflux de capitaux vers les actions chinoises et une rotation des investissements en Asie. La réunion des « Deux sessions » sur les orientations économiques de la Chine débute. Les conclusions de cette réunion pourraient confirmer ce renouveau.

ROTATION DES FLUX DE CAPITAUX EN ASIE

Les actions chinoises, notamment dans le secteur technologique, ont attiré des flux entrants importants. L’indice Hang Seng Tech a enregistré une hausse de 30 % depuis mi-janvier, stimulée par l’effet DeepSeek*. Cette tendance reflète un intérêt nouveau des investisseurs internationaux pour le marché chinois, après une période de désengagement due à des préoccupations politiques et économiques internes. En revanche, les actions japonaises et indiennes ont subi des sorties de capitaux. Les actions indiennes ont été « le miroir inversé » des actions chinoises ces dernières années : depuis le début 2020, l’indice MSCI India a progressé de près de 70 % en USD, tandis que l’indice MSCI China a reculé de 15 %.

Tendance inversée depuis mi-septembre dernier, depuis que la Chine a pris des mesures pour sortir de la crise immobilière et de la déflation, entraînant une hausse de 35 % des actions chinoises et une baisse de 15 % des actions indiennes en USD.

PERSPECTIVES POSITIVES À LONG TERME POUR LES ACTIONS INDIENNES

Les actions indiennes restent attractives sur le long terme. Le pays bénéficie d’une croissance soutenue liée à un cycle de développement industriel en plein essor et l’émergence d’une classe moyenne de consommateurs. Cependant, la valorisation du marché était devenue élevée, avec un PER qui avait atteint plus de 22. La consolidation actuelle redonne du potentiel, avec un PER 2025 qui nous semble désormais plus raisonnable, de l’ordre de 20.

RENAISSANCE DU SECTEUR TECHNOLOGIQUE EN CHINE

La fierté nationale chinoise a été renforcée ces derniers mois par DeepSeek* et la parade des robots humanoïdes lors du Nouvel An chinois, orchestrée par Unitree Robotics*. Ces événements ont propulsé les valeurs technologiques en bourse, notamment celles du secteur des robots humanoïdes qui ont gagné de 40 % à 100 % depuis le Nouvel An. Un ETF(6) dédié à ce secteur a même été lancé et a collecté près d’un milliard de RMB en quelques jours.

RÉHABILITATION DES ENTREPRENEURS

Le président Xi Jinping a récemment rencontré une trentaine de chefs d’entreprise emblématiques, dont Jack Ma de la société Alibaba*, marquant un changement de stratégie. Le discours du président a souligné l’importance des entreprises privées et des entrepreneurs dans la prospérité du pays, tout en mettant en avant leur rôle sociétal en harmonie avec les priorités du parti. Le nouveau message est le suivant : « Ok for you to prosper first, then common prosperity(7) », soit un virage à 180 degrés.

Ces éléments sont des signaux positifs pour les investisseurs. Les priorités économiques de la Chine sont claires : indépendance technologique, nouvelles énergies, industrie de pointe, robotique et sécurité alimentaire. Ces secteurs devraient bénéficier de soutiens gouvernementaux dans les années à venir. Le PER 2025 de l’indice Hang Seng Tech est actuellement de 18, contre 23/25 avant la vague réglementaire de 2021, avec des bénéfices attendus en progression de 20 % en 2025. Le PER 2025 global des actions chinoises est encore assez bas à près de 12.
En synthèse, le rebond actuel des actions chinoises semble plus solide et pérenne que les précédents. La détérioration du momentum décélère progressivement et le gouvernement semble désormais privilégier l’économie plutôt que la sécurité ou les questions sociétales. Les investisseurs suivront avec attention les conclusions de la réunion des « Deux sessions », qui devraient annoncer des mesures concrètes de soutien économique. En attendant, une pause ou une consolidation des actions chinoises pourrait offrir des opportunités d’investissement intéressantes, le potentiel de revalorisation restant de notre point de vue élevé.

LE CHIFFRE DU MOIS
51,1

C’est l’indice PMI composite en Chine en février, en progression de 1 point par rapport à janvier. Les principales sous-composantes sont également en amélioration, ce qui témoigne d’une amélioration globale de l’économie.

ACTIONS DES SECTEURS TECHNOLOGIQUES AMÉRICAINS ET CHINOIS ET DYNAMIQUES DE CROISSANCE DE BÉNÉFICE

Actions des secteurs technologiques américains et chinois et dynamiques de croissance de bénéfice
Source : Alpine macro, février 2025
(6) ETF (Exchange Traded Fund) : fonds indiciel qui cherche à suivre le plus fidèlement possible l’évolution d’un indice boursier, à la hausse comme à la baisse.
(7) « D’accord pour que vous prospériez d’abord, puis prospérité commune ».
* Les sociétés citées ne le sont qu’à titre d’information. Il ne s’agit ni d’une offre de vente, ni d’une sollicitation d’achat de titres.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Syncicap AM est une société de gestion détenue par le groupe Ofi Invest (66 %) et Degroof Petercam Asset Management (34 %), agréée le 4 octobre 2021 par la Securities and Futures Commission de Hong Kong. Cette société, spécialisée dans les pays émergents, permet d’établir une présence en Asie, depuis Hong Kong.

Achevée de rédiger le 10/03/2025

GLOSSAIRE
Breakeven inflation : différence de rendement entre une obligation classique (taux nominal) et son équivalente indexée sur l’inflation (taux réel).
Crédit « Investment Grade »/ « High Yield » : les obligations « Investment Grade » qualifient des obligations émises par les emprunteurs les mieux notés par les agences de notation. Selon le classement de Standard & Poor’s ou Fitch, leurs notes vont de AAA à BBB-. Les obligations spéculatives « High Yield » (haut rendement) ont une note de crédit (de BB+ à D selon Standard & Poor’s et Fitch) plus faible que les obligations « Investment Grade » en raison de la santé financière plus fragile de leurs émetteurs selon les analyses des agences de notation. Elles sont donc considérées comme plus risquées par les agences de notation et offrent en contrepartie des rendements plus élevés.
Duration : durée de vie moyenne pondérée d’une obligation ou d’un portefeuille d’obligations exprimée en années.
Inflation : perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.
Obligation souveraine : titre de créance émis par un gouvernement national. Le taux souverain est le taux d’une obligation souveraine.
PER : Price Earning Ratio. Indicateur d’analyse boursière : ratio de cours divisé par le bénéfice.
PMI : les Indices des Directeurs d’Achat (PMI) sont élaborés par Standard & Poor’s à partir d’enquêtes réalisées auprès des directeurs d’achat des entreprises de l’industrie et des services. Un PMI supérieur (inférieur) à 50 signifie que les directeurs d’achat anticipent une expansion (contraction) de l’activité économique. Le PMI composite est un indice PMI représentant à la fois le secteur manufacturier et celui des services.
Portage : consiste à conserver des titres obligataires en portefeuille pour profiter de leur rendement, éventuellement jusqu’à leur échéance.
Risque crédit : en gestion obligataire, c’est le risque que l’émetteur d’une obligation ne puisse pas rembourser le principal ou les intérêts dus aux investisseurs.
Spread : écart de taux.
Volatilité : calcul des amplitudes des variations du cours d’un actif financier. Plus la volatilité est élevée, plus l’investissement sera considéré comme risqué.
INFORMATION IMPORTANTE
Cette communication publicitaire contient des éléments d’information et des données chiffrées qu’Ofi Invest Asset Management considère comme fondés ou exacts au jour de leur établissement. Pour ceux de ces éléments qui proviennent de sources d’information publiques, leur exactitude ne saurait être garantie. Les analyses présentées reposent sur des hypothèses et des anticipations d’Ofi Invest Asset Management, faites au moment de la rédaction du document qui peuvent être totalement ou partiellement non réalisées sur les marchés. Elles ne constituent pas un engagement de rentabilité et sont susceptibles d’être modifiées. Cette communication publicitaire ne donne aucune assurance de l’adéquation des produits ou services présentés et gérés par Ofi Invest Asset Management à la situation financière, au profil de risque, à l’expérience ou aux objectifs de l’investisseur et ne constitue pas une recommandation, un conseil ou une offre d’acheter les produits financiers mentionnés. Ofi Invest Asset Management décline toute responsabilité quant à d’éventuels dommages ou pertes résultant de l’utilisation en tout ou partie des éléments y figurant. Avant d’investir dans un OPC, il est fortement conseillé à tout investisseur, de procéder, sans se fonder exclusivement sur les informations fournies dans cette communication publicitaire, à l’analyse de sa situation personnelle ainsi qu’à l’analyse des avantages et des risques afin de déterminer le montant qu’il est raisonnable d’investir. Photos : Shutterstock.com/Ofi Invest. FA25/0459/M