Ces métaux indispensables à la transition énergétique dont le cours devrait flamber…

Si la production d’énergie « propre » se nourrit d’éléments naturels tels que le vent ou le soleil, elle nécessite par ailleurs des installations (transformateurs) dont la construction repose sur un grand nombre de métaux, matériaux indispensables à la fabrication d’éoliennes, de panneaux solaires ou bien de batteries.
La fabrication d’une éolienne demande une quantité importante de métaux comme l’acier, l’aluminium et entre 950 kilos et 5 tonnes de cuivre en fonction de son gabarit. Il en est de même pour les panneaux solaires.

Lors d’une conférence à l’université de Stanford, Bill Gates, fondateur de Microsoft, a expliqué qu’aucune technologie actuelle ne peut se vanter d’être “ « zéro impact » et que même celles étiquetées « vertes » sont responsables de conséquences environnementales de façon plus ou moins directes.

Sans métaux, pas de transition énergétique indispensable à la décarbonation de l’économie

Vers une nouvelle dépendance ?

De la dépendance des énergies fossiles à celle des métaux…
Avec le déploiement massif des énergies renouvelables, certains métaux voient leur consommation exploser, une situation créant une nouvelle dépendance qui va se substituer à celle des énergies fossiles (80% de la consommation actuelle d’énergie primaire).

Un nouveau paysage énergétique

Sur les plans politique et géopolitique, les pays producteurs de métaux sont différents de ceux qui exploitent le pétrole. La diplomatie et les relations internationales tissées depuis plusieurs décennies avec les pays du Golfe sur la question du pétrole vont ainsi devoir être repensées et réorientées vers les pays clé de la production de métaux comme le Chili ou le Pérou pour le cuivre et la République Démocratique du Congo où se trouvent 65% des réserves mondiales de cobalt. L’autre pays qui va jouer un rôle incontestable dans cette économie des métaux sera la Chine qui représente aujourd’hui 65% du raffinage mondial de cobalt et 80% du lithium, deux métaux indispensables à la mobilité électrique.

D’un point de vue économique, l’augmentation de la production de métaux va impliquer de lourds investissements. A ce sujet, Richard Adkerson , patron de Freeport-McMoRan, l’un des plus importants producteurs de cuivre dans le monde, a récemment expliqué que si le prix du cuivre, aujourd’hui à 4 dollars la livre, passait demain à 10 dollars, 7 à 8 ans seraient nécessaires à sa société pour pouvoir proposer davantage de cuivre à ses clients. Ce n’est donc pas chose faite…

Vertus et risques des métaux de la transition

L’argent est le meilleur conducteur d’électricité au monde (sur une échelle de conductivité allant de 0 à 63, l’argent obtient une note de 62), une spécificité qui lui vaut notamment d’être indispensable à la fabrication des panneaux solaires. Même si la quantité d’argent embarquée par panneau a fortement baissé ces dernières années (25 grammes il y a 10 ans contre environ 5 grammes aujourd’hui), la quantité de panneaux solaires produite a fortement augmenté. Par conséquent, la part de l’industrie solaire, très faiblement représentée dans la demande d’argent il y a 10 ans, représentait déjà 12% de la demande mondiale de ce métal en 2019.
Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), les capacités solaires installées vont devoir être multipliées par quatre d’ici 2030 pour s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris. La demande sur l’argent devrait donc continuer sur sa lancée

Le cuivre, du fait de ses propriétés de conductivité électrique et de sa résistance à la corrosion, est très souvent utilisé pour l’élaboration des câbles électriques et des alternateurs pour les éoliennes. Tout comme l’argent, l’intérêt pour ce métal est grandissant dans le cadre de la transition énergétique.
Dans une étude de l’IFP Energies nouvelles (IFPEN), successeur de l'Institut français du pétrole, l’économiste Emmanuel Hache arrive à la conclusion que dans un scénario 2°C, même avec un taux de recyclage élevé, 93% des ressources en cuivre identifiées dans le monde en 2010, auront été consommées d’ici 2050.
La demande de cuivre restera structurellement soutenue face à une offre qui pourrait ne pas suivre à la fois en termes de réserves mais aussi en termes de flux. Dans son modèle, l’IFPEN estime à environ 4,5% la croissance de la production du cuivre pour répondre à la demande, un chiffre que même le Chili, l’un de plus grands producteurs au monde, ne se sent pas en capacité d’atteindre (2,5% par an maximum).

Pour son bon déroulement, la transition énergétique doit impérativement appréhender l’ensemble des risques relatifs à la question des métaux.

Cet impératif commence à être entendu et compris par les autorités. La Banque Mondiale a notamment publié une étude sur la criticité des métaux en avril dernier et l’Union Européenne s’est exprimée sur ce sujet en juin. L’AIE, en charge des questions énergétiques pour les pays de l’OCDE, s’est également emparée de la problématique, de même que le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) en France qui a dressé une liste des métaux critiques.

De leur côté, les industriels vont devoir repenser leurs modèles économiques (pas uniquement dans le cadre de la transition énergétique) et modifier leurs façons de produire les produits du quotidien en anticipant leur recyclage dès leur conception et ce, afin d’économiser ses métaux et optimiser leur consommation de manière à ne pas entraver la transition énergétique.

Le recyclage des métaux, un enjeu majeur pour les années à venir.

Des cours de bourse qui devraient rester soutenus…

Du fait de leurs spécificités Indispensables à la transition énergétique, certains métaux vont voir leurs cours rester soutenus et probablement progresser dans les années à venir.
L’essor de la demande mondiale va impliquer la recherche de nouveaux gisements, notamment de cuivre, demandant de nombreux investissements et une meilleure prise en compte des facteurs environnementaux pour que l’activité minière soit le plus « propre » possible afin de protéger la biodiversité.

L’extraction de métaux est une activité très polluante mais ce « paradoxe » est essentiel à la transition énergétique puisqu’aujourd’hui, les énergies fossiles représentent 80% de la consommation d’énergie mondiale et 70% des émissions de CO2 alors que les métaux dans leur ensemble n’en sont responsables qu’à hauteur de 10% selon une récente étude de France Stratégie.
Même en cas d’augmentation de leurs volumes, les métaux resteront un bénéfice pour la planète.