Transition énergétique : une flambée prévisible des cours des métaux ?

La crise énergétique actuelle révèle que l’on a pris le problème à l’envers : partant du postulat qu’il faut sortir des énergies fossiles, on s’est attaché à réduire l’offre de pétrole mais sans réduire dans le même temps la demande, socialement plus difficile à faire accepter du fait des inévitables hausses de prix. L’offre est aujourd’hui déjà contrainte mais les solutions alternatives ne sont pas encore finalisées et les prix s’envolent. Il faut donc accélérer la transition énergétique, le développement des énergies renouvelables et du nucléaire (cf. le rapport RTE).

Il y a 3 solutions pour régler cette crise et aller vers une vraie transition énergétique : la sobriété (moins d’usage pour une même consommation), l’efficacité (moins de consommation pour un même usage) et le changement. On pourra ainsi consommer mieux et polluer moins.

Il faut aussi valoriser les externalités négatives comme la taxe carbone, c’est un signal important ! Mais pour pouvoir le faire de façon socialement acceptable, il faut que les offres alternatives de sources d’énergies non carbonées - et donc non soumises à ces externalités négatives - soient disponibles en grandes quantités. C’est nécessaire pour l’acceptabilité sociale de la transition : elle peut modifier la vie des ménages mais non leur niveau de vie.

Il faut surtout accélérer !

L’agence Internationale à l’Energie conseille les pays de l’OCDE dans leur politique énergétique ; dans son rapport Net Zéro en 2050, une feuille de route vers la neutralité publié en mai 2021, elle résume le parcours souhaitable pour tenir l’objectif de l’accord de Paris, c’est-à-dire être net zéro en émissions carbone en 2050, et il en ressort que nous n’allons pas assez vite ! Nous avons pourtant battu un record d’installations photovoltaïques dans le monde l’an dernier (130 GigaWatt) mais il faudrait en installer 5 fois plus chaque année pour tenir l’objectif et plus concrètement, entre aujourd’hui et 2030, il faut installer tous les jours l’équivalent de la plus grosse centrale solaire actuellement en activité dans le monde. C’est un défi énorme, difficile à mettre en place mais si on ne le fait pas, cela nous coutera beaucoup plus cher et il y aura des conséquences colossales : catastrophes naturelles, réchauffement, migrations de populations.

Il faut donc investir dans de nouvelles industries, mais il nous faut aussi des métaux.

Avec le pétrole, nous sommes dépendants des pays de l’OPEP, nous allons devenir dépendants de pays qui produisent ces métaux et les pouvoirs publiques en prennent conscience. Dans le cadre de la campagne présidentielle française, certains hommes politiques disent que passer aux énergies renouvelables nous permettra d’assoir notre indépendance énergétique ; certes, nous avons du vent et du soleil mais on fabrique de l’électricité avec un transformateur qui convertit ces énergies et ce convertisseur est fait de métaux qui ne sont pas extraits en France mais dans des pays qui ne sont pas les pays producteurs d’énergies fossiles avec lesquels nous avions construit notre diplomatie et notre géopolitique ces dernières décennies.

Il faut donc repenser l’intégralité de nos relations diplomatiques :

  • Avec le Chili, le plus gros producteur de cuivre,
  • Avec la République Démocratique du Congo, qui possède 60 à 65 % des réserves mondiales de cobalt,
  • Avec la Chine, le premier producteur de terres rares et surtout un gros raffineur de nombreux métaux. Elle raffine aujourd’hui 65 à 70 % du cobalt et du lithium produits sur la planète, nécessaires aux batteries des véhicules électriques.

… et comprendre que nous transformons une dépendance aux énergies fossiles en une dépendance aux métaux.

Une solution : utilisons nos « mines urbaines » !

Sortons par exemple de nos tiroirs nos vieux téléphones, recyclons-les, cela nous permettrait d’avoir une certaine indépendance énergétique en produisant une partie de ces métaux chez nous.

Mais y aura-t-il assez de métaux pour multiplier les productions de fermes solaires ou éoliennes ?

Les métaux sont des matières premières « de stock » ; contrairement au pétrole qui disparait en brulant, les métaux consommés ne disparaissent pas et constituent un stock. Quand vous manquez d’un métal, il suffit d’augmenter le prix de ce métal pour inciter ses possesseurs à le remettre sur le marché.

Et ces besoins vont-ils être pourvus rapidement ?

Prenons un exemple. L’IFPEN (Institut Français du Pétrole et des Energies Nouvelles) a fait une étude sur le sujet du cuivre. Ils sont allés voir le Chili, le plus gros producteur de cuivre, pour présenter cette étude où il annonçait qu’on pourrait avoir consommé 90 % des réserves prouvées actuellement de cuivre en 2050 compte tenu de nos besoins, même avec un taux de recyclage élevé. Les Chiliens leur ont demandé quel type de croissance de production leur fallait-il pour soutenir leur modèle de développement durable. L’IFPEN leur a répondu 4,5 % de croissance par an or le Chili ne peut pas plus de 2,5 %.

On a donc un double problème qui concerne tous les métaux : de combien de métaux dispose-t-on mais surtout à quelle vitesse peut-on les extraire de façon à répondre à la demande croissante ?

N’assistons-nous pas déjà à un mega trend haussier sur tous les métaux avec des courbes déjà élevées ?

Nous pensons chez OFI AM qu’il y a effectivement un mega trend qui s’affirme dans ce domaine puisque nous n’avons pas d’autre choix que de faire cette transition. On peut essayer de contraindre un peu cette problématique de manque de disponibilité mais il faut tenir compte d’un élément essentiel : la sécurisation (déjà intégrée par les pouvoirs publics puisque le plan France 2030 annoncé par Emmanuel MACRON prévoit 1 Md€ pour sécuriser l’approvisionnement en métaux). Mais il faut aller plus loin ! La Taxonomie européenne vise à guider les investissements vers les technologies bas carbone indispensables à la réussite de la transition mais aujourd’hui l’industrie minière n’y figure pas or cette transition ne se fera pas sans métaux.

Les autorités européennes doivent donc urgemment intégrer l’industrie minière dans la Taxonomie si l’on veut avoir un futur soutenable et une réelle possibilité de développer les énergies renouvelables.