Risques climatiques : quand les actionnaires mettent la pression !

Proxinvest
Une initiative inédite en France, le « Say on Climate » !

Les actions se multiplient pour inciter les entreprises à réduire leur empreinte carbone. Sur le même modèle que le « Say on Pay » (vote sur les rémunérations des dirigeants), l’initiative « Say on Climate », lancée par le fonds spéculatif britannique TCI (The Children’s Investment Fund), consiste à soumettre au vote consultatif de l’Assemblée Générale la stratégie climat d’une entreprise.

Aujourd’hui, la gouvernance ou les dividendes ne sont plus les seules thématiques à occuper la scène des Assemblées Générales. Les préoccupations environnementales s’invitent désormais dans les discussions avec les actionnaires qui réclament très souvent ce type de vote afin de s’exprimer explicitement sur la trajectoire climat des entreprises dans lesquelles ils sont investies.

En France, seulement trois valeurs sur les 40 de l’indice CAC (Vinci, Atos et Total) ont accepté cette année de soumettre leur plan climatique au vote de leurs actionnaires. Un score qui peut sembler faible et qui pourtant s’avère être le plus élevé en Europe (derrière le Royaume-Uni).
Par le biais du « Say on Climate » des entreprises comme Total et Vinci prennent les devants afin d’éviter que les actionnaires ne déposent leurs propres résolutions climatiques, potentiellement plus ambitieuses, qui pourraient les contraindre à aller plus vite plus loin.

L’engagement actionnarial ou comment pousser les entreprises à se montrer plus responsables

De nombreux grands investisseurs en actions exigent des entreprises qu’elles améliorent leurs pratiques en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) dans la durée. Dans cette optique, ils se montrent prêts à soutenir des résolutions d’actionnaires.
Aux Etats-Unis, les majors ExxonMobil et Chevron ont subi cette année des camouflets en Assemblée Générale de la part de leurs actionnaires qui les ont déjugés en nommant de nouveaux administrateurs plus compétents sur le climat et en faisant voter des objectifs climatiques plus ambitieux.

En adoptant le « Say on Climate », les entreprises visent à démontrer la progression de leur stratégie climatique afin d’obtenir le soutien des actionnaires. De là s’ensuivent des débats entre actionnaires pour déterminer si l’ambition climatique des résolutions est suffisante.

Actionnariat : rentabilité ou durabilité ?

L’actionnariat de Total est assez représentatif du mix qui existe aujourd’hui en France entre intérêts financiers et recherche de durabilité. Bon nombre d’investisseurs restent intéressés par le niveau de dividendes versés par une entreprise, une ambition que compte bien satisfaire Patrick Pouyanné, président-directeur général de Total, en s’engageant à ne pas le baisser cette année. Par ailleurs, une grande quantité d’actionnaires privilégient la transition énergétique et la production d’énergie « verte », et souhaitent accompagner l’entreprise dans cette démarche.

Des résolutions climat votées à la quasi-unanimité… une marque d’encouragement

Avec un taux d’approbation entre 92% et 98%, les actionnaires ont probablement voulu saluer ces entreprises pionnières qui ont osé soumettre au vote de l’Assemblée Générale leur plan d’alignement climatique (« Say on Climate ») et les encourager à continuer en ce sens. Ce n’est toutefois qu’une première étape…
Au regard des enjeux climatiques actuels, les sociétés doivent se fixer des objectifs intermédiaires de réduction des émissions carbone (2025, 2030, 2035, … 2050) et soumettre leur feuille de route « climat » à un vote régulier, idéalement annuel, afin que les actionnaires puissent s’exprimer sur les efforts et progrès réalisés, certains ayant parfois voté favorablement tout en émettant des réserves.
Au Royaume-Uni, Shell a dû affronter de nombreuses contestations lors de son Assemblée Générale mais s’est engagée à faire voter ses actionnaires tous les trois ans sur sa stratégie climat et à leur soumettre chaque année son avancée en matière de réduction d’émissions.

Les actionnaires doivent pouvoir s'assurer de la trajectoire suivie par l’entreprise pour atteindre la neutralité carbone.