Pourquoi réformer le Label ISR ?

Le label ISR a été créé en 2016 par le ministère de l’Economie et des Finances pour permettre aux épargnants, ainsi qu’aux investisseurs professionnels, de distinguer les placements financiers mettant en œuvre une méthodologie robuste d’investissement socialement responsable (ISR) dont les résultats sont mesurables et concrets.
Cinq ans après son lancement et malgré une forte notoriété, un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) a mis en en lumière le manque de clarté et de visibilité des critères d’attribution du Label ISR et recommandé une évolution radicale de celui-ci sous peine d’une perte inéluctable de crédibilité et de pertinence.

Une réforme de la gouvernance et de l’organisation couplée à un recentrage stratégique du dispositif

En réponse aux sévères critiques de l’étude de l’IGF, le ministère de l’Economie, des Finances a décidé de lancer un processus de rénovation et de modernisation du Label ISR. Il a ainsi installé un nouveau comité, composé de douze membres et présidé par Michèle Pappalardo, avec pour mission de faire évoluer le référentiel existant et de l’adapter à l’environnement actuel pour une mise en place à horizon 2022. Dans cette optique, le Comité du label ISR se réunira tous les deux ou trois mois et s’appuiera sur les travaux de sous-comités plus larges, composés de représentants de l’ensemble des parties prenantes (entreprises, gestionnaires de fonds, conseillers, épargnants, …).

Un renouvellement qui vise à doter le Label ISR des moyens de s’adapter aux attentes nouvelles des épargnants et des investisseurs, afin qu’il demeure un instrument décisif pour la mobilisation de l’épargne en faveur du financement d’une économie plus durable.

Relever le niveau d’exigence du label ISR

Un Label ISR plus visible et plus facilement compréhensible pour éviter de susciter de la confusion auprès des épargnants.

Un épargnant doit pouvoir s’assurer que son placement contribue effectivement au financement d’un modèle économique durable.

Le Label ISR, victime de son succès ?

Le label ISR est aujourd’hui l’un des premiers labels d’épargne en Europe, comme en témoigne la croissance du nombre de fonds labellisés : 895 fonds sont labellisés ISR pour un total de près de 709 milliards d’€ d’encours (au 03 janvier 2022).
Très paradoxalement, ce « succès » fait partie des reproches formulés à l'encontre du Label ISR, une critique dont peuvent découler deux questions : est-ce que tous ces fonds méritent leur labélisation par rapport au référentiel actuel ? Est-ce le manque d’exigence du référentiel actuel qui fait que même labélisé, un fonds peut ne pas être suffisamment convaincant pour un épargnant ?

L’objectif ne repose pas sur la quantité de fonds labélisés mais sur l’exigence de la démarche du label afin de le rendre plus lisible et plus convaincant aux yeux de l’épargnant.

D’autres institutions font progresser la finance durable, notamment la Commission Européenne qui encourage la révision des référentiels pour qu’ils soient alignés avec les nouvelles réglementations européennes comme la taxonomie ou encore le Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR).

La mesure d’impact, une piste de réflexion pour moderniser le Label ISR

Outre l’exigence accrue du Label ISR, le Comité réfléchit également à la possible intégration de la finance à impact qui valorise les entreprises apporteuses de solutions face aux enjeux du développement durable. En effet, beaucoup d’épargnants qui investissent dans un fonds labélisé ISR restent dans l’attente d’une mesure de l’efficacité de leur placement.
A l’heure actuelle, le Label ISR n’est pas en mesure de mesurer l'impact des fonds labelisés mais il est envisageable qu’il le soit à l’avenir, ne serait-ce que pour une partie de ceux-ci. Cette possibilité dépendra toutefois du progrès des entreprises concernant la mesure d’impact de leur propre activité.

Ensemble, nous devons tous progresser dans la voie de l’exigence, de la clarté et de la confiance.