Pourquoi le rôle de l’actionnaire peut s’exercer de multiples façons

Phitrust

Il y a 22 ans, Denis Branche, Directeur Général Délégué de la société de gestion Phitrust et pionnier de l’engagement actionnarial, lance un fonds d’investissement dit « éthique » observant la ligne de conduite des dirigeants. Après des débuts controversés, cet engagement actionnarial fait aujourd’hui l’unanimité parmi les analystes financiers.

Être un actionnaire actif créé de la valeur actionnariale sur le long terme

Il est intéressant de constater l’interaction qui existe entre le marché financier et les entreprises. On l’observe aujourd’hui en matière environnementale, un grand sujet dont tout le monde s’est saisi. La gouvernance quant à elle est fait souvent l’objet de moins d’attention et pourtant elle est considérée comme un enjeu stratégique pour Phitrust, car c’est le plus souvent de l’organisation de la gouvernance que découlent les décisions prises y compris pour les actions environnementales ou sociales.

Quel lien peut-on faire entre une bonne gouvernance et performance boursière ?

Citons le cas de l’affaire Danone par exemple. Malgré des ambitions de RSE et une mission tout à fait intéressantes soutenues par l’ex-PDG Emmanuel Faber, la performance financière depuis mars 2020 n’a pas été au rendez-vous, l’ipcat de la crise sanitaire ayant été très important pour l’activité « eau » de Danone. A cela se sont ajoutées des divergences de vues au sein du Conseil d’administration qui sont anormalement apparues au grand jour ; cela montre combien une gouvernance bien organisée et équilibrée est un sujet central.

Phitrust a demandé aux administrateurs de Danone de s’expliquer sur la stratégie, la gouvernance et les questions environnementales en inscrivant un point à l’ordre du jour, procédé identique à une résolution mais sans vote. Quatre administrateurs ont apporté des réponses sans surprises….

Chez Phitrust, nous dialoguons longuement avec les dirigeants des sociétés dont nous sommes actionnaires sur les sujets ESG. Pour que les décisions d’un Conseil soient équilibrées et tiennent compte de ces facteurs ESG si importants, il faut que la composition du Conseil reflète des composantes et compétences diverses et que ce Conseil ne soit pas « à la main » du seul Président.

Les groupes cotés améliorent tous leur gouvernance

Beaucoup d’évolutions positives sont apparues dans la gouvernance de tous les groupes cotés, notamment après que les investisseurs professionnels se soient emparés de ces sujets extra-financiers et aient de fait favorisé l’interaction entre actionnaires et entreprises.

Les points d’amélioration en matière de gouvernance s’observent aussi sur les rémunérations, un sujet de fond en France. Chez Phitrust nous portons une attention particulière sur l’équilibre entre la répartition de la valeur faite entre le 1er dirigeant, les salariés, les actionnaires.

Nous avons vu des cas emblématiques de sociétés qui allaient très mal et dont la rémunération des dirigeants était, rapportée à cette situation, tout à fait excessive. Mais depuis 2009, les évolutions législatives telles que le « Say on Pay » devenu obligatoire sont venues encadrer ces sujets.
L’équilibre des pouvoirs, quant à lui demeure une question délicate, très difficile d’en juger venant d’un actionnaire externe qui ne fait pas partie du conseil d’administration.

En 2004, nous avions pressenti une disparité des pouvoirs et levé le drapeau rouge sur la gouvernance que nous estimions déséquilibrée chez Renault (cf. affaire Carlos Ghosn). Cependant, aux vues des bons résultats boursiers de l’entreprise, nos recommandations ont été ignorées jusqu’en 2018, où les problèmes de gouvernance de Renault ont éclaté au grand jour. L’histoire nous aura donné raison !

Nous pensons que les dialogues sont toujours indispensables et constructifs, tout en pouvant nécessiter plusieurs années. Ce faut le cas par exemple avec Total : en 2011 nous avons déposé une résolution sur l’exploitation des sables bitumineux au Canada. Le dialogue a pu s’installer après un temps long à tel point que nous avons pu l’année dernière faire modifier les statuts sans passer par le dépôt d’une résolution externe.

Enfin, il faut insister sur le fait que nous ne sommes pas des activistes mais des actionnaires engagés et que nous agissons toujours à plusieurs ; nos actions qui sont pointues et encadrées juridiquement sont ainsi soutenues par d’autres actionnaires professionnels comme le Groupe OFI.