Nexans : champion de la performance économique et environnementale ?

Intervention de Christopher GUÉRIN, Directeur général de Nexans, pour l'émission « Ça vaut le coup ! » sur Boursorama

Nexans

Nexans, c’est une activité : les câbles et systèmes de câblage, un positionnement stratégique : l’électrification du monde, un carnet de commandes plein jusqu’en 2024, un pur player (entreprise qui exerce son activité commerciale uniquement en ligne, sur Internet) dans son domaine et une valeur prisée des investisseurs ESG.

En effet, les investisseurs voient le momentum exceptionnel de l’électrification durable grâce aux énergies décarbonées (les fermes éoliennes en mer, les fermes solaires ou le nucléaire) ou le renouvellement des réseaux avec des produits bas carbone… et pour tout cela, il faut du câble !

Les résultats financiers de Nexans ont dépassé les attentes en 2021 ; l’extra-financier est-il aussi important ?

C’est très important. La problématique pour une société cotée est de traiter les injonctions paradoxales, de créer un pont entre le financier et l’ESG, que l’on parle de croissance vertueuse, organique, circulaire… des questions qui ne sont pas suffisamment abordées dans les road shows financiers.

Il faut apprendre aux managers d’aujourd’hui à ne plus travailler sur les modèles de croissance d’hier.

Il faut faire bouger les lignes avec force et conviction, repenser tout le système d’exploitation de l’entreprise en termes de modèle de performance en tenant compte de l’environnement, du social et de l’économie.

A tous les échelons de chez Nexans, la boussole n’est pas seulement la rentabilité sur capitaux propres (de 16% en 2021) mais plutôt, depuis plus d’un an, sur une triple boussole, où nos unités sont jugées sur leurs performances économique, environnementale et sociale. Nous attribuons chaque trimestre des Awards pour les unités les plus vertueuses pour s’assurer que nous ne réalisons pas nos résultats financiers au détriment de l’engagement de nos équipes ou des indicateurs environnementaux.

Un pourcentage de la rémunération de la direction générale et des managers est indexé sur des critères extra-financiers et nous nous sommes aperçus que nos unités les plus performantes d’un point de vue financier sont les plus performantes d’un point de vue environnemental et sur l’engagement, ce n’est donc pas antinomique. En revanche, 80% des unités en difficulté sur la partie économique l’étaient aussi sur la partie environnementale avec, en plus, un taux d’absentéisme de plus de 10%.

Nexans, une entreprise responsable et engagée

Un modèle de performance repensé, des formations pour tous les managers. En plus du retour sur capitaux employés, nous calculons aussi le retour sur carbone employé pour chacun de nos clients : quelle quantité d’émission carbone avons-nous dû gérer pour servir ce client ?

Nous sommes une société industrielle, donc pas nécessité émettrice de CO2, mais nous participons aussi à la transition énergétique puisque nous relions des pays pour qu’ils échangent de l’énergie verte. Notre dépendance aux gaz et au pétrole russes va être un important sujet dans les mois futurs.

Quant à l’acheminement des câbles, il est réalisé à 20% par des bateaux et à 80% - et bientôt 90% - en circuit court. Nos 65 usines sont challengées pour faire leur chiffre d’affaires dans un périmètre de 800 kms maximum et au-delà, elles doivent demander une taxe carbone virtuelle interne pour inciter à travailler en circuit court (pour les fournitures et les livraisons client).

Ses engagements extra-financiers les plus ambitieux :

  • Une réduction d’émissions de 4,2% par an, que nous pouvons encore améliorer puisque 5 de nos 66 usines sont responsables de 40% de nos émissions carbone. Aujourd’hui nous réduisons donc leur croissance organique tant qu’elles n’ont pas réglé cette problématique.
  • 24% de taux de féminisation des instances de direction. Dans nos unités les plus vertueuses, le taux de féminisation du management est de plus de 30% !
  • Environnement
    • Neutralité carbone d’ici 2030
    • Recyclage : il faut donc récupérer le cuivre et l’aluminium des réseaux électriques de nos « mines urbaines » car
      • Ils sont recyclables à l’infini (nos usines de métallurgie à Lens et à Montréal peuvent le recycler)
      • Il n’y aura pas assez de matières premières pour tout le monde et en même temps pour la génération d’électricité verte et le renouvellement des réseaux
      Chez Nexans, 100% des déchets de cuivre de nos usines sont recyclés ; à travers nos unités de métallurgie, nous en sommes à 10-15% et nous tendons vers 30% de cuivre recyclé dans nos câbles avec un objectif à 50%.
    • Concernant l’aluminium qui vient pour partie de Russie, il va y avoir 2 crises :
      • Celle du coût, comme on le voit actuellement avec le pétrole
      • Celle de la fourniture physique qui va être fortement impactée
      Chez Nexans, nous donnons une orientation sur nos indicateurs ESG et sur notre profitabilité mais jamais sur la croissance organique car nous voulons qu’elle soit faite à 80% de valeurs (services et innovations) et moins de volumes afin de ne pas être rattrapés par les problématiques de matières premières.
      Nous subissons comme nos clients les fluctuations du cuivre et de l’aluminium sur les marchés de Londres, Chicago… Nous sommes sur une crise énergétique majeure, le monde est en mutation, des énergies fossiles aux énergies décarbonées, et cela va coûter cher. Et la crise actuelle en Ukraine amplifie le phénomène.

Comment vérifie-t-on l’atteinte des objectifs ESG ?

En interne, tous les trimestres, nous publions les unités les plus vertueuses sur les piliers Économie, Environnement et Engagement (équité, diversité, sécurité au travail), mais aussi les moins vertueuses afin de les alerter. Nous mettons aussi des warnings sur les unités qui ont fortement amélioré leurs profits mais au détriment des indicateurs environnementaux et sociaux et rappelons que 25% du bonus est basé sur les critères extra-financiers !

Nexans, une valeur intégrée en portefeuille par Béryl Bouvier di Nota, Directeur adjoint Actions européennes et responsable des stratégies d’impact investing chez OFI AM

Nous voyons la cohérence entre la trajectoire industrielle et la trajectoire de politique de RSE qui est complètement intégrée dans la gestion des opérations de Nexans. Du fait de son activité, c’est un enabler qui va nous permettre de répondre à l’électrification grandissante des économies.

Ils souhaitent « électrifier le futur » avec une vraie ambition sociétale, une réorganisation interne dans cette trajectoire.

Nexans a changé en 10 ans, et sous l’impulsion de Christopher Guérin, la société a désormais une trajectoire industrielle pour se refocaliser sur 3 domaines clés : la transmission, la distribution et les bâtiments, avec ce fort investissement dans le high voltage, nécessaire par exemple pour connecter l’énergie éolienne offshore au terrestre. C’est de plus en plus difficile et technique : un câble en soi peut paraître banal mais Nexans le plonge à plus de 3 000 mètres de profondeur et de plus en plus loin de la terre, c’est donc une vraie expertise technologique !

La crise ukrainienne ne freinera pas Nexans.
La commission européenne souhaitait réduire nos émissions et donc développer le renouvelable pour une transition énergétique ; maintenant il faut plutôt renforcer la sécurité et l’indépendance énergétiques. Il est donc évident que nous allons de plus en plus avoir besoin des renouvelables et de plus en plus de besoins pour l’électrification. Donc Nexans, avec un carnet de commandes plein jusqu’en 2024, se doit d’investir dans des capacités. La moitié des 320 millions de dépenses d’investissement est consacrée à augmenter les capacités dans le high voltage.

Chez Nexans, nous sommes sur le thème de la transition mais aussi sur celui de la transition juste car la maîtrise de l’empreinte environnementale des produits n’est pas le seul objectif de la politique RSE du groupe.

Il y a aussi une importante démarche sur le plan social.
Du fait de son remaniement industriel, Nexans va céder et acheter des actifs, il y a donc une nécessité à retenir les talents, à faire progresser les collaborateurs et à augmenter la diversité.

Une volonté auprès des parties prenantes, que ce soient les collaborateurs en favorisant l’actionnariat salariés mais aussi sa chaine de fournisseurs qui sont tous certifiés EcoVadis*.

* EcoVadis facilite la gestion responsable des partenaires amont et aval par le partage et le suivi des performances RSE avec toutes les parties prenantes impliquées dans les chaînes de valeur. https://ecovadis.com/fr/