L'ISR, à quoi ça sert ?
ESG et ISR sont des sigles que l'on entend de plus en plus, sans toujours en comprendre le sens et la portée.
L’ESG, c’est l’analyse des données environnementales, sociales et de gouvernance.
L’ISR, c’est l’Investissement Socialement Responsable.
Les données extra-financières sont analysées pour ensuite être intégrées à la gestion. Mais en quoi ces données extra-financières apportent de la valeur dans la gestion de l’épargne ?
A quoi servent les données extra-financières ?
Les données extra-financières mettent en évidence le niveau d'implication des entreprises dans les problématiques de développement durable et la pertinence de ces initiatives.
Une société de taille importante (exemples : Renault, Danone…) peut fournir entre 1000 et 1200 données extra-financières concernant les trois piliers de l'analyse extra-financière :
- Le « E » qui tient compte des émissions carbone, politique énergétique, qualité environnementale des produits, …
- Le « S » qui intègre les informations sur la politique sociale de l’entreprise, les aspects « formation », …
- Le « G » qui vérifie le respect des minoritaires, la composition du Conseil d’Administration, …
Une société qui ne respecte pas ou mal les bonnes pratiques sur le plan extra-financiers risque la « sortie de route » ou le scandale.
Le constructeur aéronautique Boeing en a fait l’expérience. La découverte de failles de sécurité sur ses avions cachait également un problème de culture d'entreprise. L’impact boursier s’est avéré très important avec un cours de bourse qui est passé de plus de 400 dollars à moins de 100 dollars en quelques mois, représentant une perte de capitalisation de plus de 200 milliards de dollars. La société s’est vue très durement sanctionnée par les analystes extra-financiers et par les gérants.
En Allemagne, le scandale Wirecard a acculé à la faillite la plateforme de paiements et de services financiers pour cause de fraude comptable massive. Des signaux d’alerte avaient pourtant été lancés 18 mois auparavant mais la société n’a pris concrètement aucune mesure. Cette réponse peu satisfaisante aux yeux des analystes extra-financiers leur a permis de mettre l’accent sur un potentiel problème de gouvernance, les incitant à dégrader la note extra-financière de l’entreprise. Le comportement des responsables de Wirecard est finalement apparu au grand jour et a conduit l’entreprise à la faillite.
Dans ce type de situation de crise, le gérant ISR peut sortir d’une valeur ou l’alléger en amont quand les critères ESG ne sont pas ou mal respectés.
Et l’ISR, à quoi ça sert ?
L’Investissement Socialement Responsable (ISR) est un filtre qui fait partie des composants du « tableau de bord » de la gestion, au même titre que les éléments financiers. Mais contrairement à ces derniers qui sont normés, l’analyse extra-financière conserve une marge d’interprétation et la liberté de mettre l’accent sur une ou plusieurs thématiques choisies. Chez OFI Asset Management, certains fonds se concentrent sur le côté social, d’autres sont davantage liés à la transition énergétique…
L’analyste extra-financier classe les sociétés au sein des secteurs et les hiérarchise afin de guider le choix des gestionnaires de fonds sur les aspects extra-financiers des valeurs et plus particulièrement sur le niveau de risque et la stratégie. Selon nous, une entreprise qui intègre les critères ESG dans sa stratégie à long terme s’avère plus résiliente face à l’environnement économique extrêmement compliqué du moment et obtient de meilleurs résultats boursiers tout en se montrant moins risquée.
C’est un alliage entre la réflexion sur le risque et la détection d’opportunités pour la suite.
Que fait un gérant ISR devant une valeur qui ne respecte pas les critères ESG ? La supprime-t-il de sa grille de sélection ou tente-t-il d’influencer la stratégie de l’entreprise en Assemblée Générale afin de la rendre plus vertueuse ?
L’un des points forts de la gestion extra-financière porte sur l’analyse des meilleures pratiques destinée à informer les entreprises sur leurs possibilités d’amélioration en matière d’ESG.
L’exercice du droit de vote lors des Assemblées Générales est également un facteur important dans la gestion extra-financière car il a vocation à inciter les entreprises à de meilleures pratiques. Il y a quelques années, les préconisations et les votes des minoritaires étaient très peu considérés mais aujourd’hui, les comportements ont beaucoup évolué grâce à la régulation qui pousse les entreprises à prendre en compte ces aspects et à les communiquer.
Il y a également du changement du côté de la transition énergétique. Les sociétés s’engagent davantage pour faire des économies d’énergie et essayer de créer des produits « verts » pour ainsi préverser l’avenir.
Des investisseurs en quête d’une finance durable
Cette année boursière, pourtant particulière en raison de la crise sanitaire, voit arriver des flux sur l’extra-financier quatre fois plus importants qu’ils ne l’étaient en 2019, une année déjà considérée comme exceptionnelle. Il se produit un phénomène d’éviction : les entreprises ont pris conscience que les bonnes pratiques généraient des flux et inversement.
L’ISR sert à contrôler le risque (déceler le risque des entreprises) et détecter les opportunités à moyen/long terme en raison de l’amélioration grandissante du comportement des entreprises et de leur gestion plus durable.