L’ISR, ça coûte ou ça rapporte ?

Morningstar

L’ESG est-il un phénomène de mode ? L’investissement responsable, ça coûte ou ça rapporte ?

L’ESG n’est pas un phénomène de mode, nous sommes tous conscients que notre planète se porte mal, que les inégalités augmentent… Les investisseurs eux aussi ont pris conscience qu’au-delà des critères financiers, il fallait tenir compte de facteurs extra-financiers. Nous-même avons acheté il y a 1 an la société de notation extra-financière Sustainalytics (1 000 personnes, 400 analystes) qui analyse les risques liés à l’ESG pour une société avant d’attribuer une note de 1 à 100, 1 étant la meilleure note, 100 la plus mauvaise. La société Total par exemple a une note de 27, une note medium pour le secteur difficile comme l’énergie et qui tient compte des efforts faits pour « verdir » sa production.

Une bonne note se situe entre 0 et 20 (de 1 à 10, risque négligeable ; de 10 à 20, risque faible ; entre 20 et 30, risque médium…). Avoir une bonne note ESG n’est pas forcément la garantie d’une bonne performance en bourse même si c’est un facteur de tout évidence positif et important.

Pour exemple, en 2020, l’indice Morningstar Europe a fait -2,9 % alors que son équivalent ESG, le Morningstar Sustainable Europe, fait +2 %, un écart qui s’explique aussi par une surpondération de la partie technologie et une sous-pondération de la partie énergie sur le Sustainable. Et si l’on regarde les indices sectoriels cette même année, on voit aussi d’énormes différences entre le Morningstar Europe Énergie à -18% et le Morningstar Europe Technologie qui a fait +30%, ce qui explique aussi, clairement, la surperformance de l’indice Morningstar Sustainable Europe, au-delà de l’approche ESG.

Le critère ESG ne garantit aucune surperformance mais investir en fonction de ses convictions ne coûte rien, permet de donner du sens à son épargne et d’éviter les déconvenues.

Prenons l’exemple de la Gouvernance : nous sommes tous d’accord qu’une bonne gouvernance se révèle positif en termes de stratégie et donc génère généralement des résultats plus positifs à terme. Si l’on prend le critère de la parité dans les entreprises, par exemple, l’étude du Crédit Suisse sur le nombre de femmes dans les différents conseils montrait que plus ce nombre était élevé, plus les performances boursières étaient bonnes. A contrario, de nombreux exemples montrent l’impact du risque de gouvernance, comme la faillite de la société Wirecard (Une start-up financière allemande fondée en 1999 et devenue une référence pour les paiements en ligne, était entrée en 2018 dans le DAX 30).

Sustainalytics suit 83 000 sources et s’il est important de voir la note de départ, il faut aussi regarder son évolution.

L’intégration des enjeux du développement durable dans la stratégie de l’entreprise peut être déterminante pour son avenir. Par exemple, un business qui ne serait lié qu’à la pêche et qui ne prendrait pas en compte les risques liés au réchauffement climatique (qui entraîne la diminution du nombre de poissons dans les océans) pourrait connaître de grandes difficultés dans une vingtaine d’années ! Un risque ESG est donc élevé pour la société mais aussi pour ses investisseurs.

Donc si aucun impact négatif sur la performance n’a été démontré, la prise en compte des enjeux ESG par l’entreprise peut permettre d’éviter des risques importants (réputationnel, accidents industriels, faillite…).

Les fonds ayant une politique ESG active ont-ils de meilleures performances ?

On introduit dans le cas d’une gestion ESG active un filtre supplémentaire. Le gérant va devoir prendre en compte les critères extra-financiers en plus des critères financiers.

En 2016, Morningstar a lancé une notation sur les fonds sous forme de globe : plus le risque ESG des sous-jacents (les valeurs en portefeuille) est important, moins il aura de globe (de 5 globes – très vertueux – à 1 globe – les fonds les moins vertueux) et il apparaît que les fonds ayant 5 globes surperforment.

Une étude sur 2020 a révélé que les fonds actions et obligations ayant 4 et 5 globes ont battu leur indice de référence dans leur catégorie dans 46 % des cas contre 30 % pour les 1 ou 2 globes.

L’ESG a apporté une surperformance en 2020, notamment en période de correction.

Donc l’ESG, ça ne coûte pas ; dans le pire des cas, cela ne coûte rien et dans le meilleur, ça rapporte.