ISR : cette greentech française qui verdit la chimie…
Intervention de Nicolas SORDET, Directeur général d’AFYREN, pour l'émission « Ça vaut le coup ! » sur Boursorama

Aujourd’hui, de nombreux produits du quotidien sont composés de produits issus du pétrole ; comment peut-on s’en passer ?
En 2012, le driver de l’aventure d’AFYREN était de transformer le végétal (la biomasse) pour en faire une matière première capable de remplacer les molécules faites à base de pétrole mais sans être en concurrence avec la nourriture humaine.
Nous utilisons donc les déchets de l’agriculture (ex : les co-produits de la betterave à sucre) et produisons des acides organiques biosourcés, sous forme liquide transparente, qui seront intégrés par nos clients dans leurs recettes.
Des micro-organismes naturels qui donnent du sens, qui minimisent l’impact sur l’environnement - ils ne sont pas OGM, ils dégradent proprement nos matières premières pour faire nos molécules, ce qui nous permet de les recycler - et font d’AFYREN une société durable.
C’est une approche d’éco circularité à triple effet…
- 1. Nous utilisons un déchet comme matière première
- 2. Notre fermentation est propre, nous pouvons donc recycler l’eau dans le procédé
- 3. Nous n’avons pas de déchet ; le seul résidu après fermentation est un engrais à haute valeur ajoutée qui entre à nouveau dans le cycle de production de la betterave à sucre
… qui diminue par 5 les émissions de CO2 donc une offre biosourcé et décarbonée.
Nous venons de construire notre première usine à Carling Saint-Avold (près de Metz) sur un site pétrochimique (une belle image de transition vers une chimie plus durable) et nous sommes dans la phase de tests avant de lancer la production cette année. Les produits seront livrés prochainement mais nous avons déjà des clients dans différents secteurs (arômes et parfums, alimentaire et conservation, nourriture animale en remplacement des antibiotiques, lubrifiants…et même nos engrais !) qui nous font confiance et ont conscience de la puissance de ce que nous sommes en train de mettre en place : nos développements, nos brevets, notre dimension internationale.
Notre objectif est d’être un acteur global au niveau mondial.
Le marché pétro-sourcés de nos molécules représente 13 Mds$ aux États-Unis, en Europe et en Asie. Nous souhaitons être présents sur ces continents pour avoir un circuit court et pouvoir faire rapidement le choix d’implantation de notre 2e usine.
Comment financer cette croissance ?
Nous avons fait des levées de fonds successives, notre première usine AFYREN NEOXY a été co-financée avec le fonds SPI de Bpifrance et l’entrée en bourse au mois de septembre 2021 doit permettre de financer les suivantes. Cette introduction nous a aussi permis de rencontrer des investisseurs qui ont cette même sensibilité sur l’investissement responsable.
Nous ne sommes qu’au début de l’aventure, et le potentiel est immense.
Nous visons l’équilibre financier d’ici 2025 pour pouvoir déployer rapidement notre 2e usine. Il faut certes penser au déploiement industriel mais aussi enrichir notre portefeuille en créant d’autres types de produits. Nous avons démarré il y a 10 ans et nous sentons aujourd’hui une accélération, un important besoin de mutation pour quelque chose de plus durable et nous souhaitons saisir cette opportunité.
AFYREN, une valeur intégrée en portefeuille par Béryl Bouvier di Nota, Directeur adjoint Actions européennes et responsable des stratégies d’impact investing chez OFI AM
Nous avons souscrit à l’IPO d’AFYREN en septembre dernier car c’est typiquement le genre de dossier que nous recherchons dans le fonds Positive Economy : des apporteurs de solutions durables, décarbonées, avec un réel engagement de la société, une formalisation de la RSE, un travail qui a commencé en 2020 (donc avant l’IPO) et franchi de nombreuses étapes.
Après l’IPO, AFYREN a annoncé sa raison d’être : « Nous rendons possible une industrie bas carbone et circulaire en apportant des solutions biosourcées bâties pour et avec notre environnement. »
Il s’agit de solutions 100 % durables et on a véritablement un enjeu circulaire : on ne prélève pas les ressources, les intrants, les matières premières sur le monde agricole mais on prend les déchets agricoles, on revalorise la biomasse pour produire des biomolécules qui remplacent celles qui sont traditionnellement fournies par l’économie fossile avec les mêmes propriétés. Il y a donc un remplacement naturel sur un marché qui essaye de se décarboner et dans de nombreux secteurs d’activités.
Il y a des concurrents certes, mais la particularité d’AFYREN est qu’elle peut fournir l’ensemble des biomolécules (7 acides) sur un même site de production.
Aujourd’hui, seul 1 % du marché utilise des biomolécules. AFYREN est donc sur un marché soutenu par
- Les demandes des consommateurs pour des produits plus sains et plus décarbonés
- Les intérêts des grands groupes cosmétiques et agro-alimentaires qui ont des objectifs de décarbonation de leurs produits grâce en partie aux ingrédients
Un potentiel boursier important sur le long terme et répondant aux critères ESG
AFYREN a formalisé une feuille de route avec de vraies valeurs qui permettent de fédérer leurs collaborateurs. Leur capacité de recrutement pour leur première usine est plutôt réussie.
Leur trajectoire se fait à moyen terme. L’épreuve d’aujourd’hui est la montée en charge de l’usine NEOXY qui va être un catalyste important pour le dossier d’ici la fin de l’année.