ISR : ces 10 chiffres à connaître avant d'aborder 2022 !

Quantalys

L’ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et l’ISR (Investissement Socialement Responsable) ont réussi à tirer leur épingle du jeu pendant la pandémie de coronavirus : l’année 2021 s’est avérée une année record pour la finance durable. A quoi peut-on s’attendre pour 2022 ?

La vague verte de 2020 s’est muée en raz-de-marée en 2021…

Les chiffres sont extraordinaires et historiques. L’investissement responsable semble désormais incontournable. Tous les acteurs de l'écosystème financier (distributeurs, investisseurs, sociétés de gestion) se mobilisent en faveur d'une finance durable avec des fonds intégrant des critères extra-financiers sur l’environnement, le social ou la gouvernance.

Une collecte 2021 historique de 300 milliards d’euros nets en Europe sur les fonds ISR soit les 2 tiers de la collecte globale

Le bilan très positif de l’industrie de la gestion d’actifs au titre de l’exercice 2021 a encouragé de nombreux investisseurs à s’engouffrer sur des fonds d’investissement d’actifs risqués, d’autant qu’aujourd’hui, beaucoup de placements ne rapportent plus rien ou presque (Livrets A, fonds euros des contrats d'assurance vie, …) et que l’inflation menace le rendement réel de l’épargne. Une bascule s’est ainsi réalisée en faveur des fonds ISR qui ont capté les deux tiers de la collecte sur 2021.
Cette collecte historique confirme la croissance exponentielle du marché de l’ISR.

17 Mds€ de collecte en 2018, 80 Mds€ en 2019, près de 200 Mds€ en 2020 et 300 Mds€ en 2021 !

Tous les types d’investissement sont concernés par cette progression mais pour les actions, elle s’avère particulièrement forte (70% de la collecte) : 7 euros sur 10 se sont dirigés vers les fonds actions ISR.

Une offre de 4 000 fonds ISR

Les fonds ISR disponibles sur le marché ont vu leur nombre doubler en 2021 par rapport à 2020, soit par la création de nouveaux produits responsables, soit par la transformation de fonds dits classiques en fonds ISR. Ils représentent aujourd’hui 20% de l’offre globale.
Parmi ces 4000 fonds, un peu moins d’un quart sont labellisés ISR (certification de la méthodologie et des processus mis en place par les sociétés de gestion).

Près de 3 000 milliards d’euros d’encours à fin 2021

A près de 3 000 milliards d’euros à fin 2021, les encours des fonds d’investissement responsable sont en très forte progression par rapport aux 1000 Mds€ d’encours au début de l’année (x3) et aux 300 Mds€ de 2018 (x10).

Les encours des fonds ISR correspondent à 30% de l’encours total de l’industrie européenne de la gestion d’actifs.

Aujourd’hui, en pleine accélération, l’ISR est en route pour devenir « mainstream ». Demain, si cette croissance continue au même rythme, une grande partie de l’industrie de la gestion d’actifs intègrera les critères extra-financiers ce qui propulsera les fonds responsables au même niveau que les fonds non ISR.

100 milliards d’euros pour les fonds Article 9 dits « vert foncé »

Devant la multiplication des fonds ISR et pour lutter contre le greenwashing, la Commission Européenne a publié la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) obligeant les gestionnaires à davantage de transparence sur leur prise en compte des critères ESG dans leur processus de gestion et leurs produits. Ledit règlement classe les fonds selon trois catégories : Article 6 (sans objectif de durabilité), Article 8 ou « vert clair » (produits qui promeuvent des caractéristiques environnementales et/ou sociales) et Article 9 ou « vert foncé » (produits qui ont pour objectif l’investissement durable).
L’Article 9 du SFDR, le plus vertueux, concerne les fonds à impact qui intègrent des indicateurs durables concrets et orientent leurs investissements vers des solutions « positives » contrairement à d’autres qui intègrent de façon sporadique des critères ESG et se voient qualifiés de greenwashing.
Aujourd’hui, environ 400 fonds ISR étiquetés « Article 9 » captent un tiers de la collecte évoquée précédemment ce qui témoigne de l’intérêt des investisseurs pour les fonds engagés.

Petit aparté sur la gestion passive. Les ETFs* (ou fonds indiciels) se sont engouffrés dans la brèche et proposent des indices qui intègrent des critères extra-financiers. Par conséquent, les indices et les ETFs qui les répliquent sont ISR, voire classés « Article 8 » ou « Article 9 ».
Les ETFs ISR collectent plus que les ETFs classiques ! Nous assistons à une vraie bascule de l’industrie financière et ce n’est très certainement pas terminé.

* ETFs (Exchange Traded Funds) : instruments financiers destinés à répliquer fidèlement les variations d’un indice, à la hausse comme à la baisse

15 milliards d’euros de collecte nette pour les fonds « climat »

Parmi les différentes thématiques ISR, le climat remporte les faveurs des investisseurs. La sensibilisation continue aux enjeux climatiques et environnementaux et le nouveau contexte réglementaire sur la limitation des émissions carbone des entreprises cotées et les sociétés de gestion ont déclenché une réelle prise de conscience chez les investisseurs qui se sont principalement dirigés vers des fonds à thématiques environnementales : le climat en numéro un, suivi des énergies nouvelles et renouvelables puis de l’eau.

250 nouveaux fonds ISR lancés en Europe en 2021 : 25 milliards d’euros levés

Tous les jours (ouvrés), un nouveau fonds ISR est disponible sur le marché.

Le mouvement de transformation de fonds « classiques » en fonds durables est complété par la commercialisation de nouveaux fonds faisant appel aux idées prolifiques des sociétés de gestion.
Les sociétés de gestion françaises font partie des leaders en matière de stocks et de création de produits (Amundi, BNP, Natixis, Candriam, La Banque Postale AM, …) mais la concurrence n’est pas loin.
Face à l’engouement que suscite l’investissement responsable, des gérants européens et anglosaxons arrivent sur le marché et rattrapent leur retard très rapidement.

19% de performance moyenne sur 2021 pour les fonds ISR (vs 20% pour les non-ISR)

La performance des fonds ISR sur 2021 est un peu décevante. Dans la catégorie actions zone Euro par exemple, leur performance est environ de 1% en-dessous des indices.
Cette déception s’explique par l’effet de marché en faveur des valeurs cycliques (pétrole, chimie, industrie, …), moins sélectionnées dans les portefeuilles ISR, et la sous-performance sur l’énergie renouvelable (dégonflement de la bulle de 2020). Toutefois, il est à noter que le couple rendement/risque des fonds ISR reste avantageux.
Mais dans cette légère sous-performance des fonds ISR, se cache une très forte dispersion. De très beaux succès ont eu lieu sur la thématique environnement.

Les 3 grandes tendances qui devraient se poursuivre voire s’accentuer en 2022

Réglementation MiFID II : analyse des préférences ESG des investisseurs par le biais d’un questionnaire (KWc ESG)
Dès août 2022, les conseillers financiers (banques, les sociétés de gestion et les sociétés de conseil en placement) devront interroger les clients sur l’impact recherché à travers leurs investissements afin de les diriger vers des placements adaptés.

Intégration de nouveaux indicateurs
Après la forte mise en lumière de la problématique sur le carbone, d’autres thématiques vont être mises au-devant de la scène, notamment à travers les Objectifs de développement durable (ODD) : la pollution, l’eau, la biodiversité, le traitement des déchets, …

La taxonomie européenne : l’avenir du nucléaire et du gaz
Les entreprises cotées vont communiquer davantage sur ces indicateurs ce qui, par capillarité, devrait remonter au sein des fonds et des sociétés de gestion qui vont à leur tour publier ces éléments appliqués à leur gestion. Cette approche va devenir de plus en plus quantitative, de moins en moins qualitative.