Investir dans un cabinet de conseil, vertueux pour la planète ?

Interventions d'Olivier GIRARD, Président d’Accenture France et Benelux, pour l'émission « Ça vaut le coup ! » sur Boursorama
Accenture est-elle un bon élève en matière d’ESG ?
Accenture s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2025. Nous avons plusieurs engagements très concrets : mesurer l’impact de 90% de nos fournisseurs (aujourd’hui nous en sommes déjà à 57%), mesurer le score CO2 de nos collaborateurs, planter 600 000 arbres, etc. Par ailleurs, nous veillons à ce que nos collaborateurs soient tous sensibilisés sur ce sujet via notamment de nombreuses formations et des engagements concrets.
L’un de nos plus grands défis est l’impact de la technologie. Cela représente aujourd’hui 3 à 4% de l’empreinte carbone mondiale. Si, collectivement, nous ne changeons pas nos consommations de datas et le déploiement du cloud, dans 10 ans, cela pourrait représenter 12 à 14% - et là, cela posera un vrai problème. En tant qu’entreprise leadeur en technologie, nous estimons avoir une responsabilité accrue dans ce domaine ainsi que l’opportunité d’avoir un réel impact. C’est pourquoi nous formons nos collaborateurs à agir en particulier sur trois axes : l’utilisation des datas, l’usage prolongé du matériel, la conception et la programmation des logiciels et nous essayons de répondre au mieux à cette injonction contradictoire : comment devenir plus intelligent avec la data tout en étant plus green ?
Enfin, notre plus fort impact sera surtout à travers l’accompagnement de la transformation de nos clients qui comptent parmi les plus grandes entreprises mondiales.
ENVIRONNEMENT
Toute entreprise doit se donner des objectifs et une stratégie puis mesurer, donner une feuille de route détaillée et se transformer.
Aujourd’hui, 30% des 1 000 plus grandes entreprises européennes ont des objectifs de neutralité carbone à horizon 2030-2050 en fonction de leur secteur (contre un peu plus de 5% il y a 2 ans), mais seulement 5% d’entre elles estiment être dans les temps pour atteindre cet objectif. Il y a une prise de conscience, il faut maintenant se confronter avec le réel pour mettre en place des actions concrètes et accélérer le mouvement.
Accenture compte près de 700 000 collaborateurs dans le monde, plus de 7000 en France, que l’entreprise a le devoir de sensibiliser et de former. En France, nous utilisons par exemple « La Fresque du Climat » pour sensibiliser les collaborateurs et nous les formons à la data, au green cloud, à la conception de programmes moins gourmands en carbone, etc.
SOCIAL
Depuis 20 ans, la Fondation Accenture, en collaboration avec différentes associations, permet l’accompagnement de personnes vers l’emploi à travers la technologie : à travers ces associations, nous les formons sur nos projets et 75% d’entre eux reviennent à l’emploi. La technologie peut être un important levier d’insertion sociale. Notre objectif est de contribuer à l’insertion professionnelle de 200 000 personnes en France, plus de 3 millions dans le monde, avec une attention de plus en plus prononcée sur les femmes. Les vocations se cristallisent en 4e et en 3e, il faut donc faire connaître toutes les carrières possibles dans la technologie. Dans le monde et en France, la mixité hommes/femmes est respectée chez Accenture. Concernant les postes à responsabilité aujourd’hui 30 % sont tenus par des femmes, et notre objectif est d’atteindre les 50 % en 2025.
GOUVERNANCE
La transparence est le premier de nos engagements, c’est pour nous une réalité externe et interne : nous faisons partie des entreprises pilotes en France avec un projet gouvernemental sur la taxonomie et sur des indicateurs ESG (nous allons dorénavant publier 50 indicateurs clés dans ce domaine) et nous sommes aussi transparents au quotidien sur nos opérations, nos promotions, les opportunités de carrières.
Sur lequel des trois piliers ESG Accenture est-elle la meilleure ?
Nous avons une solide tradition sur le S depuis de nombreuses années (200 000 personnes accompagnées par notre Fondation et notre réseau d’associations, le mentorat, etc.) et sur le E, nous aurons un impact considérable avec nos actions mais aussi avec l’accompagnement de la transformation de nos clients.
Revenons au 5% d’entreprises avec un objectif de neutralité carbone qui sont devenus 30% en 2 ans : nous confrontons aujourd’hui nos objectifs avec la réalité c’est-à-dire mes actifs, ma supply chain, mon manufacturing, mon offre produits… Que doit-on refaire en premier ? Comment cela impacte-t-il mon P&L ? Le modèle économique de cette transformation n’est pas encore trouvé car devenir une entreprise décarbonée ou refaire son offre de produits et de services de la manière la plus décarbonée possible a un coût et on ne sait pas encore comment le prendre en compte.
Les grands acteurs de la Distribution avec lesquels nous travaillons se posent énormément de questions, ils ne sont plus seulement sous l’œil de l’investisseur ou des collaborateurs mais aussi sous celui du consommateur.
La transformation énergétique est prégnante dans les grands groupes clients d’Accenture mais l’est-elle aussi pour les PME, les ETI ?
Effectivement, les moyens mis à disposition, les demandes des Conseils d’administration, la plus grande exposition des grands groupes sont autant de facteurs favorables à la transformation des grandes entreprises mais à partir du moment où l’on aborde le Scope 3, quand on parle d’achats inclusifs, de sous-traitance, de chaines logistiques mondiales, on entraine les autres avec soi. C’est le cas de 57% de nos fournisseurs avec lesquelles nous entretenons une relation transparente sur leur performance carbone - et nos objectifs communs.
Donc investir dans un cabinet de conseil, c’est être vertueux pour la planète au travers de vos propres actions et de l’accompagnement de vos clients ?
Accenture travaille pour les 2 000 plus grandes entreprises au niveau mondial : nous avons donc une occasion unique d’avoir un impact considérable sur la planète en accompagnant nos clients dans leur transformation, tout en répondant à la quête de sens et aux attentes de nos collaborateurs sur cet enjeu majeur.
Stéphane YOUMBI, Gérant du fonds OFI RS Act4 Green Future chez OFI AM
Etes-vous convaincu par ce qu’a dit Olivier Girard ?
Accenture nous intéresse pour notre fonds d’investissement axé sur la transition énergétique et écologique dans le cadre d’un label Greenfin, car elle participe à la transformation durable de ses clients et d’elle-même.
Il peut nous arriver de réduire nos investissements sur des entreprises de conseil de manière tactique sur des périodes relativement courtes mais quoi qu’il en soit, Accenture est effectivement une entreprise intéressante, vertueuse pour la planète de manière indirecte.
Dans la transition énergétique et écologique, il y a plusieurs types d’acteurs :
- Les acteurs qui apportent des éco-solutions concrètes pour aujourd’hui (pour vos déplacements, votre énergie, les bâtiments …).
- Les acteurs dont le business model nécessite une phase de transformation, parce qu’une règlementation se met en place, parce que c’est nécessaire pour la planète.
- Les acteurs de manière indirecte, comme Accenture, qui ont des clients qui sont dans cette dynamique de transformation
Accenture coche donc les cases pour entrer dans nos supports d’investissement.
Quand nous évaluons la dimension ESG d’Accenture,
- Pour E, elle participe à transformer de manière durable leurs clients, industriels notamment, qui doivent faire évoluer leur supply chain et leur consommation énergétique,
- Pour G, au regard de la composition du Conseil d’Administration des entreprises, du taux d’indépendance des participants, de la façon dont les décisions sont prises, de la transparence dans la communication interne, nous considérons qu’Accenture est un bon élève.
Le calcul de la part green du business d’Accenture liée à la transformation énergétique peut se faire de deux façons :
- Je valorise ce que vous faites aujourd’hui : quand vous fabriquez une voiture électrique, cette même voiture apporte une solution pour réduire les émissions de carbone et si elle vous rapporte 100$, ces 100$ correspondent à une éco-activité donc il s’agit de business vert,
- Dans le cas d’Accenture, on considère tout ce qu’il fait pour ses clients, les solutions proposées en termes de logiciel, de conseil et on le valorise dès lors que ça correspond à de la transformation énergétique et écologique.
L’enjeu pour l’investisseur est alors d’éviter le « double comptage » entre ce que propose le cabinet de conseil et ce qu’entreprend le client. Notre démarche chez OFI Asset Management va donc être de valoriser chacun des acteurs à la juste mesure de sa contribution dans la création de ce « chiffre d’affaires vert » qui est crucial car il motive l’ensemble des acteurs, des entreprises et des investisseurs.