Faut-il arrêter d’investir sur la Chine ?

A l’heure où partout dans le monde, les frontières se rouvrent progressivement, la Chine semble au contraire se renfermer sur elle-même et s’isoler encore davantage de la scène internationale.
Dans de telles conditions, est-il toujours opportun de détenir des actions chinoises en portefeuille ?

Une question légitime au vu de l’agressivité de la Chine sur le plan géopolitique, notamment envers Taiwan, mais aussi compte-tenu de la période charnière dans laquelle se trouve le pays, avec une vague règlementaire qui « déferle » depuis quelques mois.
La Chine s’apprête en effet à réorienter son modèle économique avec pour but, une « prospérité commune ». Si les objectifs semblent louables et compréhensibles à long terme, Les nombreuses mesures décidées ont créé des perturbations et ont installé le doute chez les investisseurs internationaux, notamment dans le secteur immobilier avec le cas du géant chinois Evergrande.

Méfiance des investisseurs internationaux qui sous-pondèrent fortement la Chine.

La Chine « post covid » semble vouloir s’appuyer davantage sur son marché intérieur.
Le pays est aujourd’hui une puissance économique mondiale de premier plan grâce à son vaste marché intérieur d’1,4 milliard d’habitants. La principale ombre au tableau actuellement semble être le vieillissement de la population avec un déclin spectaculaire du taux de natalité, un défi que tente de relever le gouvernement chinois, conscient que la démographie et la puissance du nombre jouent un rôle essentiel dans le maintien d’une croissance pérenne à long terme.

La fin du capitalisme en Chine ?

Pour le gouvernement chinois, promouvoir la « prospérité commune » ne signifie pas « tuer les riches pour aider les pauvres » mais lutter contre l’inégalité de la répartition des richesses au sein du pays.
Pour continuer de se développer, le nouveau système économique va devoir s’appuyer sur des entreprises de haute qualité et de pointe dans des domaines tels que la technologie, l’agroalimentaire ou encore les énergies propres.

La Chine n’est pas en mesure d’abandonner le capitalisme avec un secteur privé qui représente aujourd’hui 80% des emplois. Et la légitimité du gouvernement doit se mesurer par sa capacité à atteindre la réussite économique et la prospérité commune.

Aspect conjoncturel : le potentiel d’appréciation du marché chinois est-il remis en cause ?

La croissance économique de la Chine s'est affaissée au troisième trimestre notamment en raison de la crise du secteur immobilier consécutive aux déboires du géant Evergrande. Les mesures récemment adoptées pour taxer les plus-values immobilières contribuent au manque de visibilité à court terme, de même qu’un certain nombre de mesures de régulations. L’économie a donc logiquement ralentit et devrait se reprendre progressivement au cours des prochains mois. Mais naturellement, vu le stade de développement atteint, les taux de croissance de ces dernières années ne seront plus le norme. L’objectif du gouvernement est de doubler la taille de l’économie du pays d’ici 2035, ce qui devrait donner un taux de croissance autour de 4 à 5% en rythme de croisière.
Cependant, à moyen terme, l’objectif est clair et gouvernement chinois entend orienter l’économie davantage vers la consommation intérieure qui ne représente que 40% du PIB contre près de 70% aux Etats-Unis.

De véritables opportunités d’investissement à moyen terme

Dans ces conditions, le marché intérieur chinois représente un véritable champ opératoire très intéressant pour de nombreuses entreprises chinoises, qui vont bénéficier de cet immense marché intérieur. Les domaines de la consommation, de la technologie, des énergies vertes, de la santé etc… sont propices au développement d’entreprises de croissance avec un fort potentiel à moyen terme, et c’est cela qui est attractif d’un point de vue investisseur.

La Chine reste « investissable » : du point de vue des « fournisseurs d’indice », le poids des actifs chinois est en phase de progression, que ce soit dans les indices obligataires ou actions. Il s’agira d’une zone de diversification et de croissance intéressante dans les portefeuilles occidentaux.

Mais à court terme, les investisseurs internationaux ont été un peu « échaudés » par les événements récents. Dans un récent sondage mené auprès d’investisseurs américains professionnels, il s’avère que 80% d’entre eux se disent réfractaires à l’achat d’actions chinoises. D'un point de vue contrariant, ce résultat est plutôt positif puisque le jour où le marché chinois va prendre son envol, nombreux sont ceux qui vont devoir courir après. Et sur les 3000 valeurs cotées, il y en a de nombreuses de grande qualité, dont de l’ordre de 500 à 1000 méritent d’être considérées.

Du fait que depuis les plus hauts de l’année 2021, la bourse chinoise ait perdu près de 30% pendant que les autres bourses mondiales continuaient à monter, il existe aujourd’hui un écart de valorisation qui, sur le moyen terme, peut s’avérer intéressant. Le tracker coté aux Etats-Unis sur la bourse chinoise a d’ailleurs augmenté de 7% à 8% en octobre, mieux que le Nasdaq.

Des valorisations nettement plus abordables que dans le reste du monde

Le contrôle exercé par la Chine a entraîné une très forte dévalorisation de certaines valeurs technologiques.

Le PE global du marché chinois tourne autour de 14/15 quand les Etats-Unis se situent aux environs de 20/22, un point d’entrée possiblement intéressant sur le moyen terme.