Comment vos investissements peuvent-ils protéger les océans ?

La loi Energie Climat* va de plus en plus contraindre les investisseurs et les sociétés de gestion à tenir compte de la biodiversité.

Jusqu’à présent, il était principalement question du climat. Aujourd’hui il faut aussi tenir compte de la biodiversité.

Alors comment prendre en compte les impacts générés par nos investissements, par les entreprises que nous détenons en portefeuille sur la biodiversité ?

Pour l’investisseur, ne pas en tenir compte est un risque financier, de réputation, lié à l’environnement pour 2 principales raisons :

  • Les scientifiques et Le Rapport Planète Vivante 2020 de WWF (qui mesure l'état de la biodiversité sur la planète) nous alertent sur la chute de la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages entre 1970 et 2016 et celui de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) sur le taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère ; extinction donc de la biodiversité terrestre et marine.
  • La Cop 15 aura lieu en Chine, en octobre 2021, et tous les pays participants vont fixer des objectifs communs pour neutraliser au maximum les impacts sur la biodiversité.
La question du plastique est donc centrale, 8 M de tonnes de plastique sont déversées dans l’océan chaque année.

Depuis 1950, date des premiers chiffres, 8 Mds de tonnes de plastique ont été produites et une partie de ce plastique est déversé dans l’océan soit l’équivalent d’un camion-poubelle chaque minute !

On parle des plastiques mais il faut aussi évoquer les microplastiques (produits additionnels d’entretien, d’hygiène et de beauté, emballages agroalimentaire - dont seulement 40 % sont recyclés -, textiles, automobile…).

Quel levier pour influer sur le comportement des entreprises et des consommateurs, afin de réduire les déchets plastiques ?

Il faut s’intéresser aux entreprises en portefeuille et cibler celles qui sont les plus grosses productrices ou consommatrices de plastique. Les consommateurs comme les épargnants doivent être conscients de la façon dont ils investissent leur argent, aussi bien dans un supermarché que dans les marchés financiers. La transparence sur les actions d’engagement menées dans le cadre d’une politique d’investissement par une société de gestion et la communication qui est faite par les entreprises sur des initiatives mises en place participe à la bonne information des épargnants.

Chez OFI, une vingtaine d’entreprises dont les impacts sont les plus importants (utilisation d’emballages ou production de microplastique) sont interrogées ; certaines l’ont intégré dans leur chaine de production et peuvent apporter des réponses, d’autres sont prises au dépourvu. Le processus a commencé en 2020 et nous pensons faire un rapport en 2022 pour identifier les bonnes et mauvaises pratiques des entreprises recensées.

Comment un épargnant peut-il agir dans le cadre de son épargne, de ses investissements pour participer au maintien de la biodiversité ?

La loi Énergie Climat favorise la transparence. L’épargnant devra s’informer auprès de son conseiller pour savoir comment la question de la biodiversité est prise en compte dans ses investissements. Quant aux sociétés de gestion, elles devront communiquer à travers les reporting, tracer des indicateurs… maintenant il faut savoir quel est l’indicateur le plus pertinent ? Pour le climat, on se réfère aux émissions de CO2 ; pour la biodiversité, il y a des projets de calcul d’indicateurs (par ex le nombre d’espèces menacées dans un terrain délimité). Chez OFI, nous avons des méthodologies pour le secteur de l’immobilier, de l’agroalimentaire, minier mais il y a encore un peu de recherche pour les autres secteurs.

Concernant le plastique, il est plus facile de mesurer l’impact des entreprises car on peut mesurer la quantité de plastique consommée par cette entreprise ; aujourd’hui, lors de nos entretiens menés avec les sociétés, nous quantifions et nous comparons cet indicateur à travers les différents secteurs.

La loi Énergie Climat pose les premières pierres mais il va falloir trouver un mode opératoire.

La loi, les scientifiques et la Cop 15 d’octobre 2021 vont apporter beaucoup d’actualité sur le sujet de la biodiversité.

Nous attendons que les états s’engagent pour la biodiversité comme ils l’ont fait pour le climat en 2015.

* La loi Énergie et Climat est une loi française votée en 2019 pour répondre à l’urgence écologique et l'urgence climatique. Elle fixe l'objectif de neutralité carbone en 2050, qui nécessite la division des émissions de gaz à effet de serre au moins par six d'ici cette date.