Climat : comment savoir si une entreprise est réellement vertueuse ?
Intervention de Laurent MOREL, Associé chez CARBONE 4, pour l'émission « Ça vaut le coup ! » sur Boursorama

De plus en plus d’épargnants souhaitent que leur patrimoine non seulement capitalise mais soit aussi investi de manière durable, responsable, et c’est complexe pour les particuliers.
La décarbonation de l’économie touche toute l’économie ; aujourd’hui 80% de l’énergie qui irrigue notre économie est d’origine fossile et s’en passer est extrêmement compliqué pour les compagnies pétrolières et l’énergie mais aussi pour l’ensemble de l’industrie et des services qui ont bénéficiaient depuis 150 ans d’une très grande abondance de l’énergie fossile.
Carbone4 est un cabinet de conseil en stratégie qui accompagne la plupart des grandes entreprises françaises dans leur stratégie de décarbonation pour être vertueuses mais aussi pérennes : une entreprise qui est capable de se décarboner est une entreprise dont le business model va passer à travers la décarbonation de l’économie. Depuis 15 ans, nous sommes les leaders des méthodologies de mesure de l’empreinte carbone en France et en Europe. Nous avons développé une activité, Carbone for finance, destinée aux investisseurs. Nous nous servons de notre expérience de conseil pour fabriquer un rating d’entreprise à partir de données publiques (documents de référence, base de données…) avec une méthodologie unique par secteur. Quand nous faisons une revue de l’industrie du transport, nous notons l’ensemble des entreprises de ce secteur.
Il y a un « risque de transition » pour les entreprises
Avec la décarbonation de l’économie, la préférence collective (les lois, les préférences des consommateurs et des investisseurs) se modifie fondamentalement. Cela joue sur le business model des entreprises et les entreprises vertueuses seront donc moins « snobées » par la loi ou par les consommateurs dans les années à venir. Il y a donc un rapport entre la vertu des entreprises au regard de leur action de lutte contre le réchauffement climatique et leur pérennité dans un monde qui change de préférence.
Nous les aidons à réduire le risque de transition en mesurant cette empreinte, cette contribution à la performance environnementale. Nous analysons…
- La performance passée : comment l’entreprise a-t-elle réduit depuis 5 ans ses émissions sur les scopes 1 (les émissions directes produites par l’entreprise), 2 (les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie) et 3 (les émissions indirectes en amont et en aval) ?
- La performance actuelle : comment le mix produit de l’entreprise est-il positionné aujourd’hui dans la décarbonation (dans le cas d’une entreprise automobile, fabrique-t ’elle plutôt des voitures électriques que des voitures thermiques ?) ?
- La performance future (forward looking) : comment la stratégie de l’entreprise est convaincante du point de vue de la décarbonation, quels sont les engagements pris sur la recherche, sur les investissements, quelle est la gouvernance de mon board sur ces sujets ?
… et cela aboutit à une note de 1 à 15 (15 étant les moins performants, 1 les plus performants). Nos clients investisseurs peuvent alors choisir d’utiliser notre note ou complexifier l’analyse.
Un client accompagné par le cabinet peut-il avoir une note moyenne ? Ce ne sont ni les mêmes équipes ni les mêmes données puisque s’agissant des entreprises notées dans le rating financier, nous ne travaillons que sur la documentation publique. Nous analysons une vingtaine de secteurs et dans chacun d’entre eux, nous essayons de couvrir 60 à 80 % de la capitalisation boursière mondiale.
L’économie française dans son ensemble ressemble à l’économie mondiale (il y a en France dans le CAC40 un champion de presque tous les métiers) mais le niveau de reporting des entreprises européennes est aujourd’hui supérieur à celui de l’Amérique du Nord, et encore plus à celui de l’Asie…
Donner une note moyenne ne serait pas révélateur car il faut regarder en note relative, comment on se situe à l’intérieur de chaque secteur. Entre 2 et 3, on est un très bon élève. EDF, par exemple, est assez bien placée compte tenu de son mix énergétique.
Prenons l’exemple de Total Energies, cet acteur est relativement meilleur dans son secteur que Chevron et Exxon mais moins bon que les meilleurs européens comme Eni. L’industrie pétrolière représentant 4 000 Mds de capitalisation boursière, est-il possible de ne pas lui donner de point sous prétexte qu’il est dans un secteur polluant ? Probablement pas !
Dans l’analyse de la décarbonation de l’économie, il est donc important de prendre en compte les progrès possibles dans tous les secteurs et nous les notons ! Dans l’industrie pétrolière, il y a quand même un objectif de réduction absolue. Les meilleurs performers de l’industrie pétrolière sont donc ceux qui en sortent. L’entreprise danoise Orstead a fait un parcours boursier remarquable notamment parce qu’elle s’est totalement désengagée de l’énergie fossile.
Le passé, le présent comptent mais aussi le futur, le sens dans lequel l’entreprise se positionne pour se décarboner.
Notre produit s’adresse aux gérants afin qu’ils intègrent dans leur analyse de risque mainstream le risque climat. Une centaine d’investisseurs et l’ensemble des Banques Centrales Européennes ont acheté nos données pour gérer le risque climat dans leurs actifs.