Chine, plus vert et plus autoritaire ?

Après plusieurs décennies de décollage spectaculaire, la Chine de Xi Jinping semble se refermer avec notamment une espèce de mise au pas des géants technologiques chinois, une reprise en main de l’économie par le pouvoir politique.

Pourquoi ce tournant ?

Le président chinois est assez directif, certes, mais l’économie chinoise rencontre les mêmes problèmes à traiter qu’en Occident :

  • le principal étant le vieillissement de la population, il faut donc stimuler la natalité.
  • un problème sociétal avec un écart très important entre les riches et les plus pauvres, débat qui émerge aussi en France : la crise aurait enrichi les riches au détriment des pauvres.
  • un problème écologique : la Chine s’engage vers une économie décarbonée à horizon 2060.
  • enfin, elle essaye de limiter le pouvoir des grandes valeurs technologiques, leurs GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ; même sujet aux États-Unis qui essayent de réguler leurs puissants GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).

Les mêmes problèmes qu’en Occident donc mais traités différemment par Xi Jinping : le précédent président laissait la population s’enrichir et l’économie croitre, Xi Jinping reprend les choses en main autour de ces sujets et cela a des impacts très importants car la Chine est la 2e économie du monde, c’est un marché très important pour de nombreuses entreprises occidentales et françaises.

Quand Xi Jinping dit vouloir réduire les inégalités, difficile de savoir si c’est le vrai dessein du parti ou si c’est une façon détournée de faire accepter une politique de durcissement ?
Une chose est sûre, il est nécessaire à la cohésion d’une société qu’il n’y ait pas trop d’écarts.
Prenons l’exemple de l’immobilier, très cher en Chine – comme à Paris d’ailleurs ! Difficile pour un jeune de devenir primo accédant à Shanghai, Pékin ou Shenzhen, donc impossible de fonder une famille avec beaucoup d’enfants.

Pékin affirme vouloir une économie décarbonée pour 2060. Mais est-il possible de croitre aussi vite tout en décarbonant son économie ?

Les 30 dernières années ont vu une industrialisation énorme et une économie très carbonée. Mais la Chine réagit et il y a un cercle vertueux objectif : dans certaines cités, on est obligé d’acheter que des voitures électriques donc il va falloir produire plus d’électricité, donc moins de charbon et investir dans les centrales nucléaires. Il va falloir que la croissance soit différente (et c’est vrai aussi en France), investir dans des énergies de stockage de l’électricité, la captation de CO2, de nouvelles formes de consommation…

Partout, nous sommes en mutation, mais ce nouveau mode de développement va-t-il apporter autant de croissance et de prospérité ?
Et puis il va falloir des capitaux ! Ils sont pour le moment largement financés par les États et les Banques Centrales donc il y a beaucoup de dettes privées et publiques mais contrairement à l’Occident, les dettes chinoises sont principalement détenues par les Chinois ce qui les met à l’abri d’une crise internationale, un peu comme au Japon. En France, notre dette est détenue en grande partie par des investisseurs internationaux et la Banque Centrale Européenne, mais à part cela, le problème reste le même !

On pourrait craindre que la fermeture de l’économie chinoise entraîne une fuite des cerveaux à l’étranger qui pourrait pénaliser la croissance chinoise mais les Chinois connaissent l’importance de l’éducation. Les grandes universités chinoises sont aujourd’hui au niveau des grandes universités américaines. La Chine continue d’investir sur une élite et produit beaucoup de très bons ingénieurs que le pouvoir a tout intérêt à voir rester.

Le tournant plus vert et plus autoritaire de Pékin est tangible - on a vu son impact sur les valeurs du luxe françaises comme LVMH - et peut aussi avoir un impact sur la croissance mondiale. Si la Chine ralentit trop fortement, cela peut créer une inquiétude générale et donc maintenir une politique de taux d’intérêt très bas. Cela finira par peser sur de nombreuses valeurs occidentales liées à ce cycle industriel international. Mais la Chine ralentit logiquement, car en pleine mutation, et de manière plutôt pilotée.

Les marchés n’ont peut-être pas encore bien compris que le Momentum de croissance de reprise, très fort depuis 6/8 mois, est en train de ralentir un peu.