Cette société dont le cours boursier a gagné 500% cette année...

McPhy, groupe industriel leader sur les marchés de l’hydrogène

Grâce à une levée de fonds de 180 millions d’euros, une pépite française de l'hydrogène, McPhy, change de dimension.

McPhy, un groupe industriel leader sur les marchés de l’hydrogène

Fondé en 2008 et pionnier de l’hydrogène au service de la transition énergétique, McPhy se positionne comme un groupe industriel leader sur le marché des équipements de production et distribution d’hydrogène zéro-carbone (ingénierie, construction, installation et maintenance).

L’offre de la société repose sur deux gammes d’équipements hydrogène :

  • Des électrolyseurs : équipements de production d’hydrogène à partir d’électricité (de préférence renouvelable) et d’eau avec pour unique déchet, de l’oxygène qui peut être rejeté dans l’atmosphère.
  • Des stations de recharge : équipements de distribution d’hydrogène (recharge de véhicules).

Hydrogène : du « gris » au « vert »

Le marché de l’hydrogène est déjà une réalité puisque chaque année, 110 millions de tonnes d’hydrogène gris sont produites à partir d’hydrocarbures, à destination des industries chimiques et des raffineries. L’inconvénient de cet hydrogène gris est qu’il rejette 20 kilos de CO2 par kilo produit. Et aujourd’hui, la filière hydrogène représente 2% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, autant que le transport aérien.

L’hydrogène « vert » joue un rôle central dans la transition énergétique et la réduction d’émissions de CO2.

L’enjeu actuel repose sur la décarbonation de cet hydrogène via la technologie d’électrolyse de l’eau à partir d’électricité bas carbone (énergies renouvelables ou nucléaires).

Vers un hydrogène « vert » à grande échelle ?

L’usage à grande échelle et la généralisation de l’hydrogène « vert » dans des secteurs comme le transport aérien ou ferroviaire se fera progressivement et à un rythme différent.
L’hydrogène « vert » est principalement utilisé comme un vecteur d’énergie pour la « mobilité lourde », là où les solutions à base de batteries sont plus difficiles à mettre en œuvre et atteignent leurs limites (batterie trop lourde, à autonomie limitée, véhicules dont la durée de recharge n’est pas en adéquation avec les usages).
Aujourd’hui, la transition vers l’hydrogène concerne principalement les bus et les bennes à ordures (véhicules considérés comme les principaux responsables de la pollution locale). Un certain nombre de municipalités ont fait ce choix et s’équipent afin de « verdir » ce type de flottes.
Les camions et les trains devraient pouvoir être alimentés en hydrogène vert d’ici deux à trois ans, la société Alstom ayant déjà équipé des trains en Allemagne.
En ce qui concerne le transport aérien et maritime, cette transition prendra un peu plus de temps et s’effectuera probablement en plusieurs étapes. La mise en service d’un avion propulsé à l’hydrogène devrait voir le jour d’ici 2035/2040. En attendant, des processus intermédiaires peuvent être envisagés comme l’alimentation des avions en fuel synthétique, beaucoup plus « vert » que le kérosène puisque notamment produit à partir de l’hydrogène issu de l’électrolyse de l’eau.

11 millions d’euros de chiffre d’affaires sur 2019 malgré la crise…

Le travail réalisé par les équipes de McPhy sur les 10 dernières années n’est pas étranger à ce succès. Cette forte croissance témoigne également d’un changement de phase dans le marché de l’hydrogène dont le développement s’est accéléré au cours des derniers mois, notamment grâce aux différentes feuilles de route éditées en Allemagne, au Portugal, en Italie et en France où le gouvernement se montre extrêmement motivé pour faire émerger cette filière.
Face à l’urgence climatique, les industriels usagers de l’hydrogène réalisent également l’urgence de décarboner leurs process industriels.
Dans ce contexte, d’importants projets de plusieurs centaines de millions d’euros sont confiés à des sociétés telles que McPhy qui, face à l’émergence de ces contrats se structure et s’industrialise pour ce passage à l’échelle. Cette levée de fonds de 180 millions d’euros peut donc sembler importante mais elle correspond à la taille des enjeux de la société.

180 millions d’euros de levée de fonds : un changement de dimension

La Commission européenne a pour objectif d’installer au moins 40 gigawatts (GW) d’électrolyseurs d’hydrogène renouvelable d’ici 2030 (contre pratiquement 0 GW aujourd’hui), une course à la production de masse qui implique la construction d’usines de fabrication d’électrolyseurs, un projet ambitionné par McPhy.
Les capacités industrielles actuelles de McPhy lui permettent de répondre au marché à hauteur de 300 MW grâce à la capacité annuelle de production d’électrolyseurs de son usine basée en Italie (San Miniato). Aujourd’hui, afin de répondre au marché de l’hydrogène en forte croissance, McPhy prépare la construction d’une usine d’1 GW par an (« giga-factory ») qu’elle souhaite implanter en France où est l’ADN de la société mais aussi de l’impulsion donnée par l’administration française et le gouvernement pour développer une filière industrielle forte sur le territoire, créatrice d’emplois.

40% de hausse en 2019… 2020 : accélération ou ralentissement face à la crise ?

Le premier semestre s’est avéré plutôt positif avec 24% de croissance par rapport 2019 et sur la même période, les prises de commandes ont remporté un franc succès avec notamment le projet Djewels de 20 MW d’électrolyseurs au nord des Pays-Bas, l’un des plus importants mis en œuvre actuellement en Europe. McPhy a également décroché le plus important projet de déploiement de mobilité hydrogène zéro-émission en France et l’un des plus ambitieux au niveau européen, avec ses partenaires de Consortium, les sociétés Atawey et TSM : le projet Zéro Emission Valley.

McPhy, une valeur intégrée en portefeuille par Béryl Bouvier di Nota, Directeur adjoint des actions européennes & Responsable impact investing chez OFI AM

Pourquoi avoir choisi McPhy ?
« McPhy, en tant qu’acteur de niche et apporteur de solutions pour décarboner l’économie et réduire les émissions de CO2, est une valeur typique de notre pilier thématique de transition énergétique, raison pour laquelle nous l’avons intégrée dans notre portefeuille en 2018 dans le segment des petites et moyennes valeurs. »

Au-delà de l’investissement, comment accompagnez-vous une société comme McPhy ?
« Beaucoup d’échanges ont lieu avec le top management sur le plan financier mais pas uniquement… Avec la société McPhy, nous avons également entamé une démarche d’engagement avec le précédent management en ce qui concerne l’analyse de la politique de RSE et plus récemment, dans le cadre de notre mesure d’impact, nous avons ouvert un dialogue afin de bien identifier les indicateurs d’impact et de résultat. »

Comment mesurez-vous l’impact positif d’une société comme McPhy ?
« Le procédé est assez simple puisque comme McPhy est un « pure player ». Nous comparons le niveau de production d’énergie générée par les électrolyseurs (niveau d’hydrogène produit) à celui des énergies fossiles afin d’obtenir les émissions de CO2 évitées. L’année dernière, McPhy a permis d’éviter plus de 4700 tonnes de CO2 grâce à la production d’hydrogène vert. »