AG 2022 : voici comment faire valoir vos droits d’actionnaires...

Intervention de Luisa FLOREZ, Directrice des Recherches en Finance Responsable chez OFI AM, pour l'émission « Ça vaut le coup ! » sur Boursorama

La saison des Assemblées Générales débute et cette année, les investisseurs doivent plus que jamais y participer pour faire valoir leurs droits concernant les enjeux climatiques (de plus en plus souvent à l'ordre du jour) et énergétiques, la guerre en Ukraine ayant relancé le débat sur la dépendance de l’Europe en matière d’énergie.

Un investisseur dit responsable doit systématiquement exercer ses droits de vote en Assemblée Générale, levier indispensable pour faire valoir ses convictions sur l’environnement, le social et la gouvernance (ESG).

Les résolutions climatiques au cœur des AG 2022 en Europe

Depuis toujours, les actionnaires d’une société jouissent de droits qui leur permettent de participer à la vie de celle-ci et d’être tenus informés sur différents sujets tels que les comptes, la nomination de nouveaux administrateurs, la rémunération des dirigeants…
Depuis 2020, sous la pression croissante des investisseurs pour une accélération de la transition énergétique, les résolutions « Say on Climate » sont à l’ordre du jour des Assemblées Générales afin de faire voter les actionnaires sur la politique climatique des entreprises à horizon 2050. Bien que purement consultatif, ce vote est indispensable parce qu’il permet d’engager un dialogue sur la stratégie climat des entreprises et d’évaluer leur alignement ou non sur une trajectoire à 1,5°C.
Aujourd’hui, le plan climat des sociétés n’a pas toujours le niveau d’ambition requis et fait parfois preuve d’un manque d’exigence face à l’urgence climatique. Dans ce contexte, il est indispensable que les actionnaires aient à leur disposition des informations claires et détaillées pour évaluer de façon objective la stratégie climatique afin d’accompagner les entreprises vers les objectifs fixés par l’Accord de Paris.

Cette année, OFI AM a défini trois critères majeurs à considérer pour déterminer le choix de son vote :

  • L’entreprise doit afficher une baisse des émissions de gaz à effet de serre en valeur absolue.
  • La baisse des émissions doit couvrir l’ensemble des émissions de l’entreprise :
    • Scope 1 : les émissions directes générées par l’entreprise sur son site de production (consommation de toute énergie d’origine fossile)
    • Scope 2 : les émissions indirectes liées aux consommations énergétiques (chauffage, électricité, …)
    • Scope 3 : les émissions indirectes « en amont » et « en aval » de la chaîne de valeur (transport, distribution…), très difficiles à appréhender puisque l’entreprise ne les contrôle pas, elle n’en reste pas moins responsable.
  • Le plan de décarbonisation de l’entreprise doit être crédible, voire aligné avec les recommandations scientifiques assurant une compatibilité avec la trajectoire 1,5°C.
Valider une résolution climatique sans avoir pris connaissance de son contenu peut nuire à l’économie.

Dans sa politique d’engagement actionnarial et de vote, OFI Asset management a défini des mesures d’escalade qui lui permettent de prendre acte lorsque le dialogue avec une entreprise s’avère infructueux.
Par exemple, pour se faire entendre et exprimer son mécontentement, la société de gestion peut, par exemple, juger nécessaire de voter négativement d’autres résolutions (rémunération des dirigeants, nomination des administrateurs, …) afin d’inciter les entreprises à améliorer leurs pratiques et rendre durable leur modèle d’activité.

La réduction des émissions des entreprises doit impérativement s’accompagner des investissements solides.

La crédibilité d’une stratégie climatique d’une société ne repose pas uniquement sur la baisse de ses émissions de gaz à effet de serres, elle dépend également de ses dépenses d'investissement (CAPEX) qui permettent de vérifier si son engagement climatique est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de transition énergétique.